Un chargement de cannes déversé sur la route au niveau du rond-point de l'entrée Ouest de Saint-Denis et le Barachois complètement bloqué au plus grand désespoir des automobilistes circulant dans le chef-lieu et vers l'Ouest de l'île... Cette journée a commencé dans un contexte extrêmement tendu alors que les planteurs rencontraient à nouveau les dirigeants du sucrier Tereos à la préfecture, ce mardi 5 juillet.
Nouvelle réunion demain mercredi
Mais à l'issue de cette nouvelle réunion, ce mardi midi, il n'y a pas eu, une fois encore, de réelles avancées. Une nouvelle rencontre est d'ailleurs annoncée pour demain, mercredi 6 juillet.
Aux alentours de 15h, un nouveau convoi de planteurs en tracteurs a pris la route du centre-ville dionysien, peu de temps après que les transporteurs, qui réclament une solution face à la hausse du prix du carburant, les aient rejoint à un rond-point de la préfecture.
Arrivés à hauteur du Boulevard Sud, vers 15h30, ils ont bloqué la circulation dans le secteur. Des barrages filtrants sont donc en place au niveau de l'entrée et de la sortie Ouest de Saint-Denis depuis le Boulevard Sud. La circulation est également bloquée au Barachois. Des bouchons ont déjà commencé à se former sur la route du littoral, de la Grande Chaloupe jusqu'au chef-lieu.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Vers 17h15, le barrage au cours au niveau du carrefour de Bellepierre sur le Boulevard a été levée même si la circulation reste difficile dans le secteur. Le convoi d'agriculteurs a quitté le boulevard Sud aux alentours de 17h pour regagner le Barachois, via le Pont Vinh-San.
Ce n'est qu'aux alentours de 19h, que le Barachois a enfin été rouvert à la circulation dans les deux sens.
Regardez ce direct sur la page Facebook de la FDSEA, syndicat de planteurs :
La pression mise sur Tereos
Le message est clair : les planteurs de cannes attendent des avancées significatives et donc des engagements. Et lors de la dernière réunion qui avait eu lieu le jeudi 30 juin, ces derniers avaient fait part de leur déception de n'avoir pu échanger qu'à distance, par le biais de la visioconférence, avec Tereos.
Seuls l'Etat et l'énergicien Albioma avait fait un pas en direction des planteurs s'agissant des négociations sur la revalorisation de la prime bagasse. Une bonne nouvelle qui n'avait pas pour autant fait redescendre la pression, les planteurs ayant prévenu qu'ils resteraient sur place jusqu'à l'issue de ces difficiles négociations.
Plus "d'union sacrée"
Et dire qu'il y a presque sept mois, le 14 décembre, l'ensemble des acteurs de la filière canne avait parlé d'une seule voix, en s'affichant derrière une prétendue "union sacrée", pour interpeller l'Etat sur cette fameuse convention canne 2022-2027. Celle-ci n'aura été qu'une union de façade, ou tout du moins, elle n'aura pas fait long feu.
A l'époque, industriels et planteurs réclamaient 35 millions d'euros supplémentaires, dont 15 millions pour les premiers et 20 millions pour les seconds, dans le but permettre aux industriels de continuer à accéder au marché européen et d'assurer ainsi le maintien des sucreries.
Tereos, l'ogre de la canne ?
Les planteurs avaient pu in fine récolter une enveloppe de 14 millions d'euros. Mais à l'heure du conflit russo-ukrainien, de l'inflation et en particulier de la hausse du coût des engrais, les planteurs avaient vite fait savoir que cette enveloppe n'était déjà plus suffisante."Il faut trouver des sous supplémentaires, soit dans l'énergie, soit dans le rhum... Ca ne va pas être possible de repartir comme ça pour cinq ans", prévenait alors Dominique Gigan, le président de la FDSEA.
Qui des industriels qui attendent un engagement clair de l'Etat pour faire de réelles propositions ? Tereos est-il vraiment l'ogre décrit par les syndicats de planteurs ? Réponse de Florent Thibault, le directeur agricole de Tereos qui avait été invité le 24 juin dernier sur le plateau de Réunion La 1ère.
Regardez l'interview de Florent Thibault sur Réunion La 1ère :
Les planteurs entre Tereos et l'Etat
"Le préfet a l'air de dire qu'il n'y a pas de filet de sécurité qui sera mis en place", avait alors précisé Florent Thibault lors de cette interview. "Mais par contre, il est prêt à étudier un mécanisme qui ferait que si les conditions économiques étaient très défavorables, on pourrait étudier de quelle manière l'Etat pourrait intervenir".
"Moi, ce que je veux dire aux planteurs c'est que oui, on comprend bien qu'il va falloir augmenter leurs revenus, mais moi ce que je veux quand je signe une convention, c'est d'être sûr de pouvoir la tenir, argumentait alors Florent Thibault. Je ne veux pas mentir en signant quelque chose que je sais ne pas pouvoir être réalisable. Et pour que ce soit réalisable, il faut absolument qu'il y ait des mécanismes qui soient mis en place pour que le prix de la tonne de cannes ne puisse pas tomber si jamais les conditions économiques sont très défavorables".
On comprend donc que du côté de Tereos, l'effort doit venir de l'Etat et non de leur part. Une position qui ne satisfait pas les planteurs, bien entendu.