Considéré comme l'un des plus anciens de La Réunion, le cimetière marin de Saint-Paul ne fait pas exception à la règle en cette fête de la Toussaint.
Les visiteurs sont en effet plus nombreux qu'en temps normal, les Réunionnais ayant l'habitude de prendre un peu d'avance, à la veille de la fête des morts, pour venir fleurir les tombes de leurs proches décédés.
Classé monument historique depuis 2011
Mais au-delà de l'affluence de ces deux premiers jours du mois de novembre, le site fait partie des cimetières les plus visités de La Réunion, et cela durant toute l'année.
Nombreux sont les touristes à venir flaner dans ses allées pour découvrir ou redécouvrir, d'une certaine manière, l'histoire de La Réunion. Construit en 1788, le cimetière est d'ailleurs inscrit au titre des monuments historiques depuis 2011.
A ces morts oubliés...
Ici, certaines tombes ne sont plus du tout visitées et les inscriptions ont même parfois disparu. Mais Francky Puylaurent, agent en charge de l'entretien depuis maintenant 26 ans, veille toujours sur celles-ci avec beaucoup d'attention.
"Quand le mois de novembre arrive, c'est moi qui met une petite croix sur toutes ces tombes-là. Ces défunts n'ont plus de familles mais moi je pense à eux", indique celui qui confie avoir plus peur des vivants que des morts.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Leconte de Lisle, "la star du cimetière"
Et puis les tombes d'anonymes côtoient aussi les caveaux d'illustres familles réunionnaises, parmi lesquelles celle d'un des plus grands poètes français, Charles Marie René Leconte de Lisle, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul.
"C'est la star de ce cimetière marin", lance Clovis Etchiandas, guide patrimoine à l'Office de tourisme de l'Ouest. Son père était chirurgien dans l'armée de Napoléon et sa mère une créole de la famille Delanux. C'est un marmaille qui a grandi quelques années à La Réunion".
Les cendres de l'auteur des Poèmes barbares à La Réunion depuis 1977
"Victor Hugo, lui-même, disait de Leconte de Lisle que c'était son plus digne successeur, souligne Clovis Etchiandas. A sa mort en 1894, on a commencé une bataille juridique pour faire venir ses cendres à La Réunion et en 1977, elles ont été transférées au cimetière marin de Saint-Paul".
La tombe du poète saint-paulois Eugène Dayot figure elle aussi parmi les tombes les plus connues du site, mais comble de l'ironie, celle qui attire véritablement le plus grand nombre de visiteurs, c'est celle finalement "trompeuse" du célèbre pirate Olivier Levasseur, surnommé la Buse.
La fausse tombe de La Buse
Car en réalité, les spécialistes expliquent qu'il est impossible que le pirate ait pu être enterré dans ce cimetière, construit 58 ans après sa mort. "C'est l'autre personnage emblématique de ce cimetière marin", poursuit néanmoins Clovis Etchiandas.
Aujourd'hui, les historiens indiquent que la pierre tombale utilisée pour cette fausse tombe proviendrait en réalité de la sépulture abandonnée de l’ancienne esclave Delphine Helod, affranchie en 1835 par la famille Mallac. La pierre tombale a été replacée dans l’allée centrale du cimetière en 2018.
Le cimetière voisin des Esclaves Oubliés
Et l'Histoire de La Réunion ne s'arrête pas aux murs du cimetière marin. Les ossements de plus de 2 000 esclaves reposent à quelques mètres de là, entre le cimetière et la mer. Il s'agit du plus grand cimetière d’esclaves connu de toute l’histoire coloniale française.
Le site a été révélé par la forte houle lors du passage du cyclone Gamède en 2007. A chaque 20 désanm, jour de commémoration de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, la municipalité de Saint-Paul organise d'ailleurs une cérémonie sur ce cimetière des Esclaves Oubliés.