L'année 2023 nous a délivré une seule éruption du piton de La Fournaise, le 2 juillet. Mais elle généré "pas mal de stress" à l'Observatoire volcanologique du piton de La Fournaise (OVPF), qui dressait mercredi son bilan d'activité sur l'année précédente, à la Cité du Volcan à la Plaine-des-Cafres.
L'éruption débutée le 2 juillet 2023 a en effet été surprenante en raison de l'ouverture de deux sites éruptifs à plusieurs heures d'intervalle, et distants de plusieurs kilomètres. Un fait "extrêmement rare au piton de La Fournaise", d'après Aline Peltier, la directrice de l'OVPF.
Les précisions d'Aline Peltier, directrice de l'OVPF, sur Réunion La 1ère :
La crainte d'une ouverture de fissure hors enclos
D'autant que cette situation, les premiers jours de l'éruption, a "laissé craindre l'ouverture d'une fissure à l'extérieur de l'enclos". Il a donc fallu être très vigilant pendant les premières 24h d'éruption, pendant lesquelles ce risque d'éruption hors enclos était très présent.
"Une activité pendant les premières 24h sur deux sites différents, c'était vraiment une nouveauté".
Aline Peltier, directrice de l'OVPF
Une réalimentation continue avant l'éruption
Cette éruption, du 2 juillet au 10 août 2023, avait été précédée par une phase de réalimentation quasi-continue du réservoir de magma, à 2 km sous le Dolomieu. Pendant 20 jours, une quarantaine de séismes en moyenne chaque jour, jusqu'à l'éruption le 2 juillet 2023.
Plus de 1 700 séismes entre le 2 et le 6 juillet
Quatre fissures au total se sont ouvertes, dont une à moins de 800m du rempart au sud-est, avec une sismicité importante. Entre le 2 et le 6 juillet, ce sont 1 713 séismes qui ont été enregistrés, avec des risques d'effondrement du Dolomieu.
39 jours d'éruption
Le débit avait ensuite diminué, et l'activité s'était poursuivie en tunnels de lave. Après 39 jours de spectacle, l'éruption s'était achevée le 10 août 2023, et le cône avait été baptisé "piton Guétali".
Eruption manquée le 21 avril
Si cette éruption de juillet/août a bel et bien eu lieu, une autre avait avorté, le 21 avril 2023. La sismicité avait commencé à augmenter fin mars, atteignant les 300 séismes sous le piton Dolomieu, si bien que la préfecture avait déclenché le passage en alerte 1 du dispositif ORSEC volcan, signifiant une éruption probable à courte échéance. Finalement, le magma n'avait pas atteint la surface.
Une reprise de l'activité en profondeur depuis ce mois de mars 2024
Est-ce que la prochaine éruption connaîtra la même issue ? Impossible de le savoir, mais en tout cas, depuis le début du mois de mars, le piton de La Fournaise connaît une "reprise de l'activité en profondeur", explique Aline Peltier. Le réservoir se gonfle à nouveau grâce à la remontée de magma. Mais ce processus est très long avant de donner lieu (ou pas) à une éruption, dans plusieurs semaines, plusieurs mois, voire pas du tout, si l'éruption avorte comme celle du 21 avril 2023, souligne la directrice de l'OVPF.
Quatre séismes ressentis par la population
Notons aussi en 2023 quatre séismes ressentis par la population à La Réunion, d'une magnitude comprise entre 1,6 et 2,8, les 13 avril, 11 août, 1er octobre, et 8 décembre.
La sismicité se poursuit au volcan de Mayotte
L'Observatoire volcanologique du piton de La Fournaise est également chargé de la surveillance opérationnelle du nouveau volcan de Mayotte. En 2023, il a observé une activité sismo-volcanique qui s'est poursuivie, malgré des tremblements de terre beaucoup plus faibles. Mais, "tous les jours, entre 10 et 20 séismes sont enregistrés à Mayotte, témoignant d'une activité en profondeur dans la croûte", précise Aline Peltier.
Si le nouveau volcan de Mayotte se trouve à 50km de Petite Terre, un essaim de séismes a été localisé à une dizaine de kilomètres de l'île "surplombant très certainement un réservoir de magma qui alimente le volcan mahorais" selon la directrice de l'OVPF. D'où la surveillance continue de toute cette zone.
112 capteurs sur La Réunion
Pour rappel, l'OVPF dispose à La Réunion d'un réseau de surveillance de 112 capteurs, répartis sur 70 sites. 94% de ces capteurs se trouvent dans la zone du piton de La Fournaise, dans le Sud-Est de La Réunion. Parmi ces capteurs, des sismomètres