Il y a les danseurs, les musiciens, les sportifs, les linguistes, mais également les costumiers et couturiers. Eux aussi contribuent à faire perdurer la culture traditionnelle basque. À chaque costume son histoire et son occasion. Pierre Latasa-Goya, danseur et costumier auprès de la troupe Begiraleak, nous guide à travers les différentes formes et couleurs de cette garde-robe aux influences multiples.
Des costumes civils, d'autres de célébrations
Il y a deux sortes de costumes : les costumes civils d'époques et ceux dédiés aux fêtes et célébrations des villages.
- Les costumes civils d'époque
Vestes, tabliers ou encore châles, ces parures représentent la société de l'époque à laquelle les chorégraphies en question étaient justement dansées. "C'est un peu comme un tableau historique", nous explique Pierre. Quand ces chorégraphies sont réalisées aujourd'hui, les danseurs se parent donc souvent des costumes de l'époque correspondante.
- Les costumes de fêtes et célébrations
Chaque village a ses particularités en terme de costumes de célébration. Traditionnellement, ce type de costume est surtout masculin. À l'époque de l'Inquisition, les femmes du Pays basque sont interdites de danses. Conséquence, les chorégraphies créées au cours de cette période sont à destination des hommes uniquement. Pour les compagnies de danse basque, il est donc aujourd'hui plus délicat de recomposer les costumes féminins, ce qui explique aussi que les femmes dansent souvent en tenue civile d'époque. Autre possibilité, la déclinaison au féminin de costumes de fête masculins.
Il arrive que certains villages basques n'aient pas de danse locale et donc pas de costume. Dans ce cas, libre à eux de choisir leurs inspirations pour créer leur habit traditionnel. À noter également l'existence de costumes fastueux, d'influences napoléoniennes.
Une nouvelle tendance : les costumes unisexes
C'est une conséquense directe de la période de l'Inquisition. Face à l'absence de costumes féminins pour la réalisation de certaines danses, les compagnies font parfois le choix d'habiller leurs danseuses avec des costumes initialement conçus pour les hommes. À Saint-Jean de Luz, une autre option a été retenue : la création d'un costume unisexe composé d'une jupette portée au-dessus d'un pantacourt.
Ce choix présente un avantage : celui d'être beaucoup moins encombrant qu'un costume civil d'époque. Un atout non négligeable pour la réalisation de pas techniques.
Danses et costumes : de véritables passions pour Pierre Latasa-Goya
Il était jusqu'à cette année professeur de basque en collège et lycée. En septembre prochain, Pierre rejoindra la Fédération de Danses Basque en tant que professeur, organisateur de stages et de formations. La danse, c'est une passion qui lui est venue tardivement.
Il s'initie aux danses basques à l'âge de 14 ans, "c'est tard pour cette pratique" précise t-il. En parallèle, Pierre commence à glisser un oeil du côté de l'atelier de costumes.
Je voyais bien qu'il y avait des choses sympas. Je me suis dit, il y a un truc !
Pierre Latasa-Goya, professeur de danse basque et costumier pour Begiraleak
Avant les spectacles et déplacements de la troupe, il participe volontiers à la préparation des costumes, "la curiosité s'est créée, puis j'ai continué par moi-même" conclue-t-il. Pour cela, il s'équipe de la machine à coudre de sa mère et se forme en autodidacte.
Il faut couper les carrés à la bonne longueur, les coudre, se planter et recommencer !
Pierre Latasa-Goya, professeur de danse basque et costumier pour Begiraleak
Selon lui, les pièces peuvent sembler techniques au premier abord et leur couture complexe, mais il s'agit en fait principalement de l'assemblage de carrés de tissus. Un travail auquel il s'affaire désormais bénévolement au côté de cinq autres couturiers et couturières bénévoles de l'association Begiraleak.
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Une garde-robe de presque 200 costumes !
Entre les enfants et adultes, la troupe entretient au total entre 150 et 200 costumes. Un travail exigeant effectué par les bénévoles de l'association. Parmi eux, certaines couturières apportent leur aide depuis plus de 30 ans ! Leur expertise est précieuse pour la réfection de ces costumes souvent très anciens et donc fragiles.
Pour enrichir la palette de costumes de la troupe, Pierre et les autres bénévoles se prêtent à un véritable travail d'enquête auprès des familles de différents villages basques, dans l'espoir de retrouver des pièces anciennes ou de beaux tissus.
On fait de la recherche à partir de vieilles photos pour voir comment étaient les costumes à l'époque.
Pierre Latasa-Goya, professeur de danse basque et costumier pour Begiraleak
Les commerces spécialisés livrent parfois eux aussi de jolies pièces. Autre possibilité, les partenariats avec le Centre du Costume de Errenteria en Espagne ou encore avec la compagnie Maritzuli de Bayonne.