Tourisme à l'arrêt, isolement… La crise calédonienne vue depuis l’île des Pins

A l'île des Pins, la reprise du marché à Vao a été un soulagement.
La crise qui a éclaté à la mi-mai n'épargne aucune partie de la Nouvelle-Calédonie. Les situations diffèrent selon les endroits. Les communes du Grand Sud s'avèrent très isolées, comme l'île des Pins. Kunié souffre d'un secteur touristique à l'arrêt et d'un approvisionnement très compliqué.

L’île des Pins sans touriste. Et si la situation perdure, dans le sillage des émeutes, c’est toute l’économie de Kunié qui risque de s’effondrer. Le tourisme représente la principale activité économique de l’île. Il fait vivre une grande partie des familles.

Chômage partiel

Les hôtels, gîtes et structures d’accueil chez l’habitant sont fermés. Les employés sont placés en chômage partiel, sans visibilité sur l’avenir. Les pêcheurs professionnels tentent d’écouler leurs produits directement sur la Grande terre, ou auprès de la population. Mais pour certains, les ventes ne permettent pas de couvrir l’ensemble des charges. 
Les transporteurs, les loueurs et les piroguiers se retrouvent affectés, eux aussi. Les acteurs économiques de l’île des Pins, constitués en fédération, ont interpellé l’ensemble des autorités sur cette réalité : mairie, province Sud, chefferie… 

"Pas de visibilité sur une réouverture"

Lilian Morer dirige l’Igesa, à Kuto, et préside la FITAE (la Fédération île des Pins tourisme acteurs économiques). Au nom des professionnels de Kunié, il décrit une situation "morose, critique pour certaines structures. Très clairement, on n'a pas de visibilité à court et moyen termes sur une quelconque réouverture. L'obligation de prendre des décisions pas très sympathiques pour préserver l'outil, avec l'espoir de retrouver une activité, même dégradée, même a minima, dans les semaines à venir, au moins pour préserver les emplois locaux. Et puis avec tous les jours d'énormes problématiques qui apparaissent."

On est malheureux de voir que l'outil de travail qu'on a mis pour beaucoup des années à construire est à l'arrêt. De voir nos salariés(…), on sait qu'on va aller vers des situations malheureusement dramatiques pour certains. On espère que le pari de l'intelligence fera qu'on arrivera rapidement à trouver des solutions de sortie de crise. 

Lilian Morer, président de la FITAE

Le casse-tête de la desserte

L'île des Pins s'avère très isolée depuis le début de la crise. Air Calédonie opère deux vols par semaine, mais la compagnie domestique ne propose pas de fret. Le Betico, lui, a stoppé ses rotations le temps d'un carénage. De quoi rendre l’approvisionnement problématique. La Compagnie maritime des îles effectue une rotation toutes les deux semaines, ce qui a permis de ravitailler la station-service en carburant et de fournir les trois magasins de Kunié. 

"On est oubliés ?"

Cela reste insuffisant, témoigne Yvannah Apikaoua, qui gère l’épicerie située au village de Vao. "On reçoit les produits de première nécessité, mais en très peu de quantités et les gens viennent tous se ravitailler au magasin. Ça part très vite."

Le marché est ouvert à Vao

Manger bio et local, c’est l’état d’esprit des mamans au marché de Vao. Il a rouvert ses portes, après quelques semaines de fermeture. Pour le plus grand bonheur des Kunié.

Une rentrée perturbée

Côté classes, les élèves ont repris le chemin de l’école le 19 juin, de la maternelle au collège. Mais cette rentrée scolaire a été perturbée par la dégradation et le vol de denrées alimentaires au sein de la cantine. Le retour à la normale date de ce lundi 1er juillet, explique John Vakié, directeur du groupe scolaire de l'île des Pins. 

Nouvelles inscriptions

Et depuis quelques jours, de nouvelles demandes d'inscription sont enregistrées. Des enfants, habituellement scolarisés sur la Grande terre, vont poursuivre leur scolarité à l’île des Pins. Le directeur du groupe scolaire détaille les différentes situations, sans oublier les lycéens de la Grande terre restés sur l'île. 


 

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