À quelques centaines de mètres de la RT1, dans la commune de Boulouparis, sur un site envahi par une forêt de faux mimosas, se cache une page sombre de l’histoire du bagne calédonien : un lieu nommé "l’abattoir". Il s'agit du centre disciplinaire du camp Brun. L’administration pénitentiaire y envoyait les condamnés les plus difficiles, appelés "les incorrigibles".
Pour y accéder Manuel Cormier joue du coupe-coupe. Cet ancien enseignant, aujourd'hui bénévole pour l’association de défense du patrimoine Marguerite, présente les restes encore visibles : les cachots, la prison collective, les vestiges de trois dortoirs.
Deux condamnés reliés à une chaîne
Ce centre disciplinaire a ouvert en 1887. C'était un lieu redouté par tous les condamnés. "Les conditions de travail étaient extrêmes en durée de travail : 10 heures par jour sans être couverts car ils travaillaient torse nu, en portant la chaîne ou la double chaîne, explique Manuel Cormier. Ils étaient accouplés, c’est-à-dire deux condamnés reliés par une chaîne pour le travail. Un travail pénible car il s’agissait d’ouvrir le tronçon de route entre Ouaménie et Ouatom."
Après huit ans d’existence, le camp est fermé en 1895. Depuis, le site est à l’abandon. Aujourd’hui, l’association souhaite mettre en valeur ce patrimoine calédonien classé au patrimoine historique. Dans un premier temps, il faut défricher et consolider les ruines pour stopper leur dégradation.
Un devoir de mémoire
"À terme, l'objectif est de mettre en valeur, de restaurer et de consolider l’ensemble des vestiges qui sont liés au bagne, détaille le bénévole. C’est à la fois un devoir de mémoire et (…) une manière pour le pays de prendre en compte une histoire qui touche toutes les communautés, contrairement à ce qu'on peut bien souvent penser. "
L’ouverture au public est prévue pour le mois du patrimoine, en octobre, pour que cette période méconnue du bagne sorte de l’ombre.