VIDÉO. L'interruption volontaire de grossesse est-elle vraiment accessible aux Calédoniennes ?

Encore des embûches pour accéder à l'IVG ©nouvellecaledonie
L'interruption volontaire de grossesse est désormais inscrite dans la Constitution française. Quelle est la situation en Nouvelle-Calédonie ? Malgré des évolutions notables, comme le recours à l'IVG médicamenteuse chez la sage-femme ou le généraliste, des difficultés d'accès persistent.

Quand une femme veut avorter, elle peut consulter un médecin. Elle peut également aller voir une sage-femme. Celle-ci réalise un premier entretien, facultatif pour les majeures, obligatoire pour les mineures. Les sages-femmes sont autorisées à pratiquer l'IVG médicamenteuse. Mais en Calédonie, ça n'est pas encore possible pour celles qui exercent en libéral. 

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L'IVG médicamenteuse : sur le papier, pas dans les faits

"Depuis 20218, les IVG médicamenteuses peuvent être réalisées en cabinet, que ce soit chez le médecin ou la sage-femme, jusqu'à neuf semaines", explique Valérie Lescroart, qui préside le syndicat des sages-femmes en Nouvelle-Calédonie. "Seulement, aucun texte ne prévoit la délivrance des médicaments. Légalement, on peut le faire. Dans les faits, ce n'est toujours pas faisable."

538 IVG à l'hôpital public

En 2023, 538 femmes ont fait une interruption volontaire de grossesse à l'hôpital public. Au service orthogénie du Médipôle, une sage-femme est présente tous les jours pour accueillir les patientes. Une consultation pour une IVG donne aussi l'occasion de parler sexualité et contraception. "Elles sont souvent demandeuses, pour avoir une contraception derrière, relève Claire Holstein, pour ne pas retomber dans ce schéma difficile qu'est l'IVG, et psychologiquement et physiquement."

Des évolutions prises en compte par les médecins


Dans le service orthogénie, une salle est dédiée à l'IVG médicamenteuse, pour celles qui le souhaitent. Les évolutions de la loi sont prises en compte par les gynécologues hospitaliers. Le Dr Erick Camus, chef de service, explique :"l'IVG médicamenteuse, qui est passée de sept à neuf semaines; l'IVG tardive puisqu'on peut faire des IVG maintenant de quatorze à seize semaines; et quelque chose qui est pour moi très important, c'est l'accès à l'IVG par des sage-femmes libérales ou les médecins généralistes.On est en train de travailler dessus pour que ce soit facilité, développe-t-il. Qu'on arrive à se réunir autour de la table et qu'on mette en place un forfait, pour que les libéraux puissent s'y retrouver financièrement au niveau des consultations."

L'isolement, un frein pour l'accès à l'IVG

Les femmes qui vivent dans des endroits isolés doivent attendre, souvent, plus longtemps pour pouvoir avorter. Si le gouvernement faisait en sorte d'encadrer la pratique de l'IVG médicamenteuse, par les sage-femmes et les médecins libéraux, cela permettrait un accès plus facile à l'avortement.