VIDÉO. En Nouvelle-Calédonie, le chemin vers l'interruption de grossesse reste semé d'embûches

Les IVG médicamenteuses ©Natacha Lassauce-Cognard et Cédric Michaut / NC La 1ère
Dans l'hexagone, depuis 2016, les sages-femmes exerçant en libéral peuvent réaliser des interruptions volontaires de grossesse (IVG) médicamenteuses. En Nouvelle-Calédonie, ce n'est toujours pas possible alors que dans le Nord, par exemple, les dispensaires manquent de personnel et restent éloignés de certaines habitations.

Formée aux techniques d’interruption volontaire de grossesse médicamenteuse, Anne Le Martelot, sage-femme au dispensaire de Boulari, peut répondre aux attentes de ses patientes qui souhaitent mettre un terme à leur grossesse avant la cinquième semaine. Elle peut leur proposer de prendre un médicament qui va servir à l'arrêter. Puis un autre, deux jours après. Les rendez-vous permettent aussi "de reparler de contraception, parce qu’une IVG n’est pas un moyen de contraception, c’est un moyen d’urgence", rappelle la professionnelle. 

Les grossesses non désirées sont un vrai problème sociétal. D'où l'importance de faciliter l'accès à l'IVG tout en poursuivant les campagnes d'éducation et d'information à la contraception.

Eric Camus, responsable du service de gynécologie obstétrique au centre hospitalier territorial

En Nouvelle-Calédonie, toutes les femmes enceintes (majeures ou mineures) qui souhaitent interrompre leur grossesse ont accès à l’IVG médicamenteuse. C'est inscrit dans le code de santé publique. Mais dans la réalité, c'est plus compliqué. L

a possibilité de faire appel à une sage-femme exerçant en libéral n'est par exemple pas possible. Dans l'hexagone, ça l'est depuis 2016. Une loi applicable sur le Caillou mais qui n'a toujours pas été mise en application. "La loi sur l’IVG chirurgicale, c’était 1976 en Métropole. 2001 en Nouvelle-Calédonie", note le docteur Eric Camus, responsable du service de gynécologie obstétrique au centre hospitalier territorial. Faudra-t-il là encore attendre vingt-cinq ans ? 

"Il est plus facile d'aller voir une personne que l'on connaît bien"

Le docteur Camus espère que non. "Je pense qu’il est temps que le décret d’application soit écrit. Et que les modalités (la gratuité, l’accès aux médicaments, etc.) puissent être mises en place rapidement." Car "il est plus facile d’aller voir sa sage-femme ou son médecin libéral, que l’on connaît bien". Moderniser la loi permettrait de surmonter une autre difficulté : la pénurie de personnel de santé dans certains dispensaires. Dans le Nord notamment, où les distances peuvent par ailleurs être importantes entre les habitations et les centres de soins. 

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L'une des conséquences : "un non-respect du droit universel des femmes à décider du moment où elles veulent avoir un enfant", souligne le docteur Eric Camus. Une autre : de nombreuses grossesses non désirées. "C'est un vrai problème sociétal. D'où l'importance de faciliter l'accès à l'IVG tout en poursuivant les campagnes d'éducation et d'information à la contraception", insiste-t-il.

Pour pouvoir effectuer des IVG médicamenteuses, une formation, un accès à une échographie et une convention signée avec un centre hospitalier sont obligatoires pour les professionnels de santé libéraux.