Alors que la tension continue de monter en Calédonie avec le passage, à partir de ce lundi, devant la représentation nationale, de la loi constitutionnelle sur l'élargissement du corps électoral, un cran a été franchi vendredi avec des tirs par arme à feu sur la caserne de gendarmerie de Saint-Michel, au Mont-Dore.
Des actes que le député de la seconde circonscription, Nicolas Metzdorf, condamne fermement : "Ceux qui tirent sur des gendarmes ou des Calédoniens doivent être appréhendés et condamnés. La violence ne résout rien et surtout elle ne nous fera pas reculer sur le vote à l'Assemblée nationale."
"L'État est déterminé"
Emmanuel Macron, le président de la République, a déjà annoncé que si le projet de loi constitutionnelle était adopté, il ne se précipiterait pas pour convoquer le Congrès pour valider la réforme de la constitution visant à élargir le corps électoral. Le chef de l'Etat invite par ailleurs les partenaires Calédoniens à reprendre les discussions, à Paris. Une position que le député ne considère pas comme un recul sur le dégel du corps électoral. "L'État est déterminé, le dégel a déjà été annoncé il y a plusieurs mois", affirme Nicolas Metzdorf, qui rappelle cependant que si un accord local global était trouvé jusqu'à dix jours avant les provinciales, il pourrait revenir sur ce qui aurait été voté au niveau national et rendre cette loi caduque.
Séance ce lundi au Congrès
Ce lundi matin, les groupes indépendantistes du Congrès de la Nouvelle-Calédonie présentent une résolution pour s'opposer au dégel du corps électoral. Pas de quoi influencer le vote des parlementaires, estime le député. "Les groupes de gauche s'étaient opposés au décalage des élections provinciales lors de l'examen de la loi organique malgré le fait qu'en Calédonie on ait voté pour. Le Congrès n'a aucune influence sur l'Assemblée nationale."
La Nouvelle-Calédonie doit retrouver le chemin de la démocratie.
Nicolas Metzdorf.
Nicolas Metzdorf, qui est également rapporteur de cette loi devant l'Assemblée défend ce dégel comme une nécessité : "La Nouvelle-Calédonie doit retrouver le chemin de la démocratie en respectant le résultat des trois référendums et en intégrant dans le corps électoral des personnes qui sont là depuis des dizaines d'années, dont des natifs. Les violences, la pression, les insultes ne font pas reculer le combat pour la démocratie." Le député estime que le pays est à un tournant de son histoire : "On doit choisir la voie démocratique ou celle du repli sur soi. Le combat pour la démocratie doit tous nous dépasser."
Pistes de dialogue
Si des pistes de dialogue semblent voir le jour, localement et à l'invitation du chef de l'Etat, l'invité du journal télévisé a dénoncé les actions de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain) qui "nuisent, selon lui, à la recherche d'un accord global. La CCAT devrait apaiser les choses de manière à ce qu’on puisse se mettre autour de la table. Plus la CCAT menace la paix civile en Nouvelle-Calédonie, moins on aura de chances de trouver un accord global."
En aucun cas, le futur statut de la Nouvelle-Calédonie sera l'indépendance.
Nicolas Metzdorf
"Un accord qui se fera dans la France", assène Nicolas Metzdorf, qui voit comme "une concession des non-indépendantistes de continuer à discuter du droit à l'autodétermination. Mais en aucun cas le prochain statut de la Nouvelle-Calédonie ne sera l'indépendance." Une vision opposant "démocratie" à la "décolonisation" alors que de nombreuses voix au sein de la population kanak s'élèvent contre le danger d'être mis en minorité. Un argument que balaie le député : "La décolonisation a été jusqu'au bout en Nouvelle-Calédonie. Nous avons voté à trois référendums et décolonisation ne veut pas dire indépendance. Je rappelle que la communauté kanak est majoritaire en Calédonie et tout est fait pour préserver les équilibres. Mais exclure du droit de vote des Calédoniens qui sont nés dans leur pays, c'est inadmissible."
Avenir de Willy Gatuhau ?
Interrogé sur l'avenir de Willy Gatuhau, l'ex-maire de Païta, qui a démissionné de son mandat à la suite d'une condamnation en appel pour achat de voix lors de la municipale de 2014 et également suppléant du député, Nicolas Mertzdorf a éludé la question, se contentant de déclarer ne "pas commenter de décision de justice".