Avenir de la Nouvelle-Calédonie : le président du groupe socialiste au Sénat appelle à la création d'une mission du dialogue

Les tensions politiques sont de plus en plus fortes en Nouvelle-Calédonie.
Comment renouer les fils du dialogue entre partenaires calédoniens ? Au lendemain d’un week-end de manifestations dans les rues de Nouméa, pour ou contre le dégel du corps électoral, les discussions politiques sont plus que jamais rompues. A Paris comme sur le territoire, des voix s’élèvent pour demander une mission du dialogue.

Nouvelle semaine, nouvelle étape pour la Nouvelle-Calédonie. Au lendemain d’un week-end marqué par les grandes marches non-indépendantistes d’un côté, indépendantistes de l’autre, dans les rues de Nouméa, comment relancer les discussions entre les acteurs calédoniens ? La situation sur le territoire préoccupe jusqu’à Paris. Les parlementaires s’inquiètent de la suite. A tel point que le président du groupe socialiste, écologiste et républicain au Sénat, Patrick Kanner, demande la mise en place d’une mission de dialogue afin de permettre les conditions d'un éventuel accord local. Selon le sénateur, l’État veut passer en force sur le dossier calédonien et la question du corps électoral. 

Responsabilité de l'État 

« Depuis qu’il a refusé de déterminer d’un commun accord avec toutes les parties calédoniennes la date du troisième référendum (…) l’État a rompu avec la méthode fondée sur la recherche du consensus, initiée depuis les accords de Matignon et l’accord de Nouméa ». Voici comment Patrick Kanner débute sa lettre adressée à Gérard Larcher, président du Sénat. Un courrier que la rédaction de NC la 1ère a pu se procurer.

Le président du groupe socialiste, écologiste et républicain au Sénat pointe du doigt le passage en force de l’État sur le dossier calédonien. Lui reprochant d’imposer la date des prochaines élections provinciales sur la base d'un corps électoral glissant et cela, sans consensus local. Un sujet hautement sensible qui provoque aujourd’hui la rupture du dialogue entre les partenaires locaux autour du nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie. 

Trois requêtes

Le sénateur ajoute que malgré les multiples déplacements du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, sur le Caillou, l’État se trouve dans l’incapacité de renouer les fils du dialogue. En la qualité du Sénat et dans ses compétences, Patrick Kanner avance trois propositions.

  1. La mise en place d’une réunion du "Groupe de contact NC", institué en 2015 par Gérard Larcher lui-même. Un groupe composé de deux sénateurs calédoniens, le président du Sénat, les présidents des groupes politiques de l’instance et plusieurs élus. Il s’agira, toujours selon Patrick Kanner, de déterminer les voies et les moyens pour changer de méthode et de cap pour arriver à ce chemin du dialogue.
  2. Par ailleurs, le sénateur invite Gabriel Attal à s’investir pleinement aux côtés de Gérald Darmanin, rappelant que depuis Michel Rocard, le Premier ministre a toujours été chargé d’une responsabilité particulière dans le dossier calédonien.
  3. Enfin, Patrick Kanner appelle à la mise en place avec l’Assemblée nationale d’une mission conjointe du dialogue pour trouver une solution à la crise calédonienne. 

Calédonie ensemble et le FLNKS avant lui 

Quelques jours auparavant, c'est le parti Calédonie ensemble qui affichait son inquiétude, estimant que la radicalisation des paroles des uns et des autres ne laissait rien présager de bon. Un constat qui l'avait poussé à également demander la création d'une mission du dialogue afin de sortir de l'impasse actuelle. "Cette mission aurait à fixer un cadre, un calendrier et pourquoi pas des interlocuteurs. Mais l'important, c'est qu'on soit tous , partis locaux et État (..) réunis, enfin, autour d'une table. L'objectif n'est pas d'évoquer les sujets, mais bien décider de l'avenir institutionnel" précisait alors Philippe Dunoyer.

En mars dernier, à l'issue de son 42e congrès à Dumbéa, le FLNKS livrait lui aussi des conclusions en ce sens. Le mouvement indépendantiste qui exigeait "le retrait de la loi qui doit modifier le corps électoral" annonçait également, par la voix du maire Union Calédonienne de Houaïlou, Pascal Sawa, avoir sollicité "une mission du dialogue pilotée par un haut-responsable comme c'était à l'époque des accords de Matignon". Une proposition évoquée également par Roch Wamytan de l'UC. 

Synthèse télé de Thérèse Waïa

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