Les clubs locaux pourront-ils aligner plus de coureurs étrangers ?

Le peloton sur un tour de Martinique.
Edwin Becera et Roniel Campos pourront-ils être alignés le 7 juillet au départ du Tour cycliste 2018 ? La justice rendra sa décision le 5 juin prochain. La Pédale Pilotine a assigné le Comité Régional Cycliste de la Martinique devant le Tribunal de Grande Instance, ce mardi matin (29 mai).
Dans le monde du cyclisme, le débat fait rage depuis plusieurs années. Et à chaque victoire étrangère sur une course en Martinique, on grimace. Rojas (AEC) sur le Grand Prix du 22 mai et le Grand Prix Cap Nord, Becera (Pédale Pilotine) sur le Grand Prix du Développement Durable et Solidaire, rien que pour le mois de mai.

Qu'ils soient colombiens ou vénézuéliens, on a toujours du mal à voir gagner les coureurs étrangers. "Ce n'est pas de la xénophobie", assure Maître Daniel Romain, l'avocat du Comité régional cycliste de la Martinique. "C'est une OPA sur le tour cycliste" selon lui. Dans sa plaidoirie ce mardi matin (29 mai), devant le Tribunal de Grande Instance de Fort-de-France, il a opposé deux mondes : celui des coureurs cyclistes amateurs martiniquais, obligés de travailler, face aux étrangers professionnels, qui se consacrent uniquement au vélo. "Nous sommes élus pour former les jeunes, pour faire des champions martiniquais. Mais pas pour avoir des allers-retours d'étrangers sur notre territoire", résume Alfred Defontis, le Président du Comité cycliste.

Sauf que du côté de la Pédale Pilotine (PP), on assure que le travail de formation est fait. "Nous avons eu aussi des coureurs locaux qui sont les meilleurs coureurs de la Martinique en ce moment. Ils ont été rémunérés comme les Vénézuéliens". Et les Pilotins d'ajouter que grâce à cette venue d'étrangers, le niveau des Martiniquais a augmenté, se basant sur les moyennes horaires des courses. Enfin, ils précisent que la PP n'est pas le seul club concerné. L'Arc-en-ciel du Gros-Morne et l'Union Cycliste Spiritaine ont eux aussi des coureurs étrangers.

Délibéré le 5 juin prochain


Il y a le débat sur la politique sportive du comité cycliste explique Me Romain. Mais Maître Gladys Saint-Clément, l'avocate de la Pédale Pilotine, se concentre sur la forme, remettant en cause la régularité de l'Assemblée Générale du 13 janvier 2016, qui a institué la règle d'un coureur étranger par club. "Cette AG est dite "votée par l'ensemble des clubs" alors qu'ils n'ont pas été convoqués régulièrement à cette assemblée. Ils n'ont pas reçu l'ordre du jour détaillé. Ils n'ont pas eu la possibilité d'en débattre. [...] À partir du moment où le vote est vicié, l'assemblée générale est viciée également", explique-t-elle. D'ajouter que ces statuts et ces règlements ne sont pas conformes aux règles fédérales, instaurées par la Fédération Française de Cyclisme (FFC). Le texte précise "dans la limite de 2 coureurs étrangers maximum par club".

Sur ce point précis, l'avis de la FFC est clair. "Il n'est pas interdit de restreindre cette possibilité ou de l'assortir à des conditions comme avoir participé à des épreuves antérieures ou/et avoir été formé par des clubs locaux", commente Maître Paul Mauriac, le conseil de la Fédération [N.D.L.R. : pour participer au Tour cycliste, le sportif extérieur doit être aligné sur au moins huit courses précédant la compétition]. "Les étrangers sont les bienvenus, mais pas dans des conditions de précarité et de mercenariat".

Me Romain demande au tribunal de débouter la Pédale Pilotine, qui réclame l'annulation de l'AG du 13 janvier 2016 et 10 000 euros de dommages et intérêts. Le délibéré a été fixé au 5 juin.