Les passagers du vol Sydney-Santiago via Auckland ont eu la peur de leur vie ce lundi 11 mars quand leur avion a subitement perdu de l’altitude, envoyant au plafond ceux qui n’étaient pas attachés. Si l’avion a pu rejoindre Auckland sans encombre, douze personnes ont été hospitalisées. Une enquête sur les causes de l’incident a été ouverte.
La boîte noire saisie
Les enquêteurs néo-zélandais ont saisi mardi la boîte noire du Boeing pour tenter d’en savoir plus sur cet incident technique qui est le dernier d'une série pour le constructeur américain.
Boeing et Latam ont promis de coopérer avec les autorités pour identifier la cause de l'incident.
Après des déclarations contradictoires sur quel pays dirigerait l'enquête, les enquêteurs néo-zélandais ont annoncé avoir commencé à rassembler des preuves, "notamment en saisissant les enregistreurs de voix et de données de vol du cockpit". Mais "c'est l'enquête du Chili", a précisé un porte-parole.
"Les enregistrements de vol seront essentiels pour comprendre cet incident. Ils indiqueront aux enquêteurs s'il s'agissait d'un événement atmosphérique ou d'un problème technique avec l'avion", a déclaré à l'AFP Joe Hattley, enquêteur sur la sécurité des accidents aériens.
Les données de FlightAware, outil de suivi des compagnies aériennes, montrent que l'avion a perdu de l'altitude environ deux heures après le décollage.
Les témoignages des passagers
Les enquêteurs pourront aussi s’appuyer sur les témoignages des occupants de l’appareil.
Veronica Martinez, employée commerciale a décrit l'incident comme si l'avion s'était arrêté en plein vol, puis "nous avons simplement plongé". "Les gens volaient, des bébés tombaient, c'était horrible, beaucoup de gens ont été blessés", a-t-elle dit à l'AFP.
Brian Jokat, qui était parmi les 263 passagers, a raconté avoir vu un homme projeté au plafond retomber lourdement et se cogner les côtes sur un accoudoir. "Il était au plafond, sur le dos, et me regardait. C'était comme dans (le film) L'Exorciste", a déclaré Brian Jokat à la radio publique Radio New Zealand.
Selon ce passager, le pilote s'est rendu auprès des passagers après l’atterrissage : "Je lui ai demandé ce qui s'était passé et il m'a répondu ’j'ai perdu brièvement mes instruments de bord et ils sont revenus tout d'un coup’ ".
Quatre personnes toujours hospitalisées
Une cinquantaine de patients ont été soignés après l'atterrissage à Auckland et quatre personnes étaient toujours hospitalisées mardi matin.
"Seuls un passager et une membre d'équipage ont subi des blessures qui ont nécessité des soins supplémentaires mais leur pronostic vital n'est pas engagé", a précisé la compagnie.
Dysfonctionnements en série pour Boeing
Le constructeur Boeing s'est déclaré "prêt apporter son soutien aux activités liées à l'enquête comme requis", après cet incident qui succède à une série de dysfonctionnements sur ses appareils.
Début janvier, une porte d'un Boeing 737 MAX 9, de la compagnie Alaska Airlines s'est détachée quelques minutes après le décollage, faisant quelques blessés légers.
Les 737 MAX avaient auparavant été cloués au sol pendant près de deux ans après les crashs de deux appareils, le premier, fin 2018, de la compagnie indonésienne Lion Air, le second, début 2019, de la compagnie éthiopienne Ethiopian Airlines, entraînant plus de 350 morts. Dans les deux cas, un problème lié à un nouveau logiciel était à l'origine des crashs.
La semaine dernière, un Boeing 777 a dû effectuer un atterrissage d'urgence peu après son décollage de San Francisco, une roue s'étant détachée avant de heurter des voitures sur un parking de l'aéroport.
Au début du mois, les autorités de régulation aériennes américaines ont donné à Boeing 90 jours pour présenter un plan visant à résoudre des problèmes de contrôle de la qualité, le responsable de l'administration fédérale de l'aviation (FAA) exhortant l'entreprise à "s'engager à apporter des améliorations réelles et profondes".