1ère campagne sucrière canne-sucre-bio : bilan mitigé, pour une production enfin lancée

Sucre de canne (illustration)
Lors de la première campagne sucrière canne-sucre-bio, l’usine Gardel a acheté aux planteurs près de 4000 tonnes de canne, avec la prime de 20€ par tonne. Mais l’industriel ne valorisera en bio que 41 tonnes de sucre, au lieu des 270 escomptées. Difficile de parler de réussite. Au moins peut-on se réjouir d’une production inédite à l’échelle européenne, à améliorer dans le futur.

C’est fait ! L’usine sucrière de Gardel a sorti, la semaine dernière, ses premiers sucres certifiés "agriculture biologique", faisant de la Guadeloupe le premier territoire français et même le premier territoire européen à fabriquer du sucre bio issu de la canne à sucre.
Cette nouvelle orientation vise à répondre à un enjeu majeur de la filière : "sa marche vers sa revalorisation pour sa pérennisation", explique Nicolas Philippot, directeur général délégué de Gardel.

Pour autant, le bilan de cette première campagne canne-sucre-bio se révèle plutôt mitigé.

Mission accomplie pour les planteurs

Côté agricole, une dizaine d’hectares, sur les 92 prévus, n’ont pu être coupés, à cause de la pluie ou du mauvais état des parcelles. Mais, au final, la récolte a été supérieure aux prévisions, avec 3.938 tonnes de canne, au lieu des 3.800 annoncées, soit un meilleur rendement moyen des parcelles, de près de 56 tonnes par hectare.

Comme prévu, les planteurs toucheront 20 euros par tonne de canne bio récoltée, en plus des sommes habituellement versées aux producteurs !

Lourde facture, maigre première production bio pour Gardel

En revanche, l’usine sucrière de Gardel, qui a lourdement investi pour préparer cette production spécifique, n’a pu extraire que 41 tonnes de sucres bios commercialisables cette année ; un volume très en deçà des 270 tonnes espérées. La raison : une faible richesse saccharine (6,77 en moyenne) mais, surtout, un taux de pureté très insuffisant, ce qui a rendu la cristallisation compliquée.

Dans un communiqué, l’industriel évoque aussi "le processus usinier bio, plus contraignant".
Il pointe aussi du doigt le retard pris dans la récolte, du fait du mouvement social qui a sévi au sein de la filière. Initialement prévue du 2 au 4 avril 2024, elle a été menée sur trois jours, à compter du 21 mai, "période inévitablement plus pluvieuse" ; d’où la teneur en saccharose moindre.

Ces premiers sucres de canne biologiques européens seront commercialisés courant décembre, sur le marché local. Vue le faible rendement obtenu, la demande ne sera donc pas entièrement satisfaite.

Les 60 tonnes de sucre-vrac, qui seront vendues aux raffineries, ne sont pas comptées dans la production finale de sucres bio ; même si la canne dont elles sont issues était certifiée bio.

La prochaine campagne bio, en 2025, est programmée en avril, juste après les fêtes de Pâques.
Les partenaires aspirent à consacrer 10% de l’ensemble de la filière canne-sucre de Guadeloupe, au bio, d’ici 10 ans.

À REECOUTER/
Le reportage radio "Kamannyòk" du 25 mai 2024, signé Josiane Champion, consacré à la première production de sucre de canne bio de Guadeloupe, qui est d’ailleurs le premier d’Europe.

À LIRE AUSSI : Le premier sucre de canne bio d'Europe lancé en Guadeloupe – 23/05/2024.