Caribe Wave 2019 : pour se familiariser avec le risque tsunami

Objectif atteint, pour l’exercice Caribe Wave 2019, en Guadeloupe. Il s’agissait d’éprouver les dispositifs d’alerte et d’évacuation, en cas de tsunami. Parallèlement, ce jeudi 14 mars et même en amont, la population a largement été sensibilisée à ce risque.

(VIDEO en bas de page)

CARIBE WAVE : DE QUOI S’AGIT-IL ?


Pour rappel, Caribe Wave est un exercice international piloté par l’UNESCO et le groupe intergouvernemental de coordination du système d’alerte aux tsunamis et aux risques côtiers.
Il consiste à entraîner l’ensemble des acteurs départementaux impliqués dans la gestion de crise, mais aussi les particuliers, à faire face à un tsunami.
Cette année, 48 pays et territoires et plus de 650 000 inscrits y ont participé ; parmi eux 92 000 Guadeloupéens, dont près de 60 000 scolaires.
Un site internet a été conçu, autour de cet évènement : https://www.tsunamizone.org/francais/


APPROCHE ET OBJECTIFS 2019


Cette année, les services de l’Etat ont déployé autrement les moyens dédiés à Caribe Wave.
Point de Centre opérationnel départemental (COD) mobilisé en préfecture, comme l’an dernier.
La numéro 2 du Palais d’Orléans, Virginie KLÈS, s’est déplacée sur le terrain, dans la commune de Deshaies, pour « observer ». La secrétaire générale de la préfecture a consciencieusement pris des notes, minute par minute, pour décortiquer tout le dispositif.
Et à Deshaies, justement, l’ensemble de l’équipe municipale était partie prenante de la simulation grandeur nature.
Idem, dans d’autres collectivités, au sein d’associations, d’entreprises privées, ou encore d’établissements scolaires.

Dans l’archipel, les objectifs 2019 étaient :
- d’étudier les moyens concrets de relais de l’alerte à la population par les communes ;
- de suivre le nombre de personnes évacuées, en particulier le public scolaire ;
- d’analyser si les lieux sûrs et les itinéraires d’évacuation, mis en place par le projet EXPLOIT, sont effectivement connus et utilisés par la population.

Le postulat : on a beaucoup à apprendre des erreurs et des dysfonctionnements.
 

FUIR, OUI… MAIS COMMENT ?


Un tsunami se caractérise par une série de vagues. Au niveau des côtes, il peut atteindre plusieurs mètres et générer un courant très fort. Il est déclenché par un séisme, un glissement de terrain ou une éruption volcanique. Ses effets sont parfois très destructeurs.

La conduite à tenir, en cas d’alerte tsunami n’est en rien complexe.
La population doit fuir le littoral et toutes les zones « basses », pour rejoindre très rapidement, mais à pied, des points « haut ».
Mais comment savoir si l’altitude de notre position est suffisante et si on est sécurité, ou pas ? EXPLOIT répond à cette interrogation.

Le projet EXPLOIT Tsunami Antilles, piloté par l’université « Paul-Valéry Montpellier III – UMR GRED », a réalisé, pour chaque commune de la Guadeloupe, de la Martinique et des Îles du Nord, des plans d’évacuation tsunami et les fiches des sites refuges.
Chacun peut consulter et télécharger ces informations via le site Internet : https://exploit.univ-montp3.fr/
 

L’EXERCICE 2019, SUR LE TERRAIN… A DESHAIES.

 
  • Le contexte
Deux scénarios ont été proposés aux pays et territoires partenaires de l’opération Caribe Wave 2019.
Celui retenu en Guadeloupe concernait un tsunami fictif, provoqué par l’effondrement du flanc du volcan « Kick ‘em Jenny », survenu après la détection d’un séisme de magnitude 6.0 dû à l’activité volcanique.

Après avoir sensibilisé la population, les commerçants et les établissements scolaires de la commune, en début de semaine et communiqué sur son intention de jouer le jeu, la municipalité de Deshaies comptait sur une large participation de chacun.

Le fait est que Deshaies est, comme le dit le maire, Jeanny MARC : « An bouch a reken-la ! »*. Le littoral de la commune balnéaire a déjà été, dans le passé, submergé par des tsunamis ; ce fût le cas, notamment, le 13 juillet 2003, lors de l’éruption du volcan « La Soufrière » de Montserrat.
Or, ils sont nombreux sur place à vivre tournés vers la mer.
Le territoire compte 4 000 habitants. Une fréquentation qui grimpe jusqu’à 12 000 âmes, durant la période touristique. Et dans la rade, en ce 14 mars 2019, une trentaine de bateaux de plaisance.
Pour tout ce monde, EXPLOIT a identifié 29 refuges, dûment répartis.
 
  • L’alerte
Premier bémol : l’alerte n’est pas parvenue en mairie, via les canaux prévus. La chaine de transmission, qui fait intervenir la préfecture, Météo France, ou encore les opérateurs de télécommunication locaux a dysfonctionné. A 10h34, la nouvelle est tombée par mail.

Par ailleurs, la commune ne dispose pas de sirène d’alerte** ; la cloche de l’église du bourg est, elle aussi, indisponible.
Ainsi, pour prévenir la population, deux véhicules de la police municipale ont été envoyés sillonner le territoire communal, l’un au Nord, l’autre au Sud. Nul n’y a vraiment prêté attention. La faute aux bruits ambiants, selon certains.
 
  • L’évacuation
Peu d’hommes et de femmes ont réellement joué le jeu, à Deshaies.
Evacuer, pour un exercice, signifie fermer son commerce, quitter son poste, arrêter ses courses, renoncer à quelques minutes de vacances…
Quoiqu’il en soit, les services municipaux ont mené leurs actions, imperturbables, avec des remontées régulières, sur la situation, au maire et aux autres membres de la cellule de crise :
- sur la position des écoliers, dont certains participaient à une sortie scolaire ;
- et sur la communication de l’alerte aux habitants des différentes sections, aux plaisanciers, aux hôtels, etc.


ET APRES ?


Désormais, le plus gros reste à faire : le « RetEx », selon la secrétaire générale de la préfecture, Virginie KLÈS, à savoir le retour d’expérience.
Les enseignements, tirés des échanges autour du déroulement de cet exercice Caribe Wave, permettrons aux autorités d’affiner les procédures et d’inscrire les modifications qui s’imposent dans les différents plans départementaux et communaux de prévention des risques***.

Parmi les avancées prévues, à Deshaies, il y aura prochainement, grâce à l'accompagnement logistique et financier de la DEAL Guadeloupe, l'installation, sur tout le territoire communal, de panneaux indiquant les points hauts refuges et les itinéraires pour les rallier. Mention sera aussi faite, sur cette signalétique, des QR Codes redirigeant vers la mine d'informations d'EXPLOIT.
 
©Guadeloupe la 1ère
POUR ALLER PLUS LOIN /
* « An bouch a reken-la ! », traduction du créole : « À la merci du requin », soit particulièrement exposé au risque.
** A lire l’article : « Comment avertir la population d’un danger imminent ? ».
*** A lire l’article sur les documents légaux : « Les autorités organisent / La population s’informe ».