C'est le statut quo, en Guadeloupe, en ce dixième jour de grève générale contre l'obligation vaccinale et contre le pass sanitaire, désormais aussi menée sur la base de revendications sociales.
Les barrages toujours en place
Le réseau routier est toujours bloqué, en Guadeloupe, en cette matinée du mercredi 24 novembre 2021.
Les principaux barrages, érigés dans le cadre de la contestation sociale, sont toujours en place.
Certains nouveaux ont vu le jour, durant les dernières heures. C'est le cas notamment au Gosier, dans le secteur du Pôle administratif, à Belle Plaine. Deux bornes de tri des déchets ont été positionnées en travers de la route ; il est impossible, par cet itinéraire, d'accéder au bourg.
L'agglomération pointoise est très impactée, par ces entraves à la circulation.
En Basse-Terre, même situation, particulièrement de Capesterre-Belle-Eau à Vieux-Habitants. Nul ne passe à La Boucan, à Sainte-Rose. Le rond-Point de Montebello, à Petit-Bourg, reste aussi quasi-infranchissable, à moins d'âpres négociations. Le carrefour de Mahault, à Pointe-Noire, est un autre point chaud de la contestation.
Idem, en direction de Saint-François, où des points de blocages sont hermétiques.
Le barrage de Perrin, aux Abymes, est toujours sous bonne garde des contestataires.
A part autour de son habitation, se déplacer sur des grands parcours, je pense que ce n'est pas la peine d'y penser.
Dans le quartier de Rivière-des-Pères, les gendarmes ont libéré la voie de circulation qui est longtemps restée bloquée, durant la nuit.
Moins d'exactions
Il semble que la nuit dernière (du 23 au 24 novembre 2021) ait été plus calme que les précédentes, sur la majeure partie de la Guadeloupe. Pas de stigmates d'affrontements, entre des bandes et les forces de l'ordre, à Pointe-à-Pitre et ses alentours.
Des tentatives de racket ont été signalées, voire des vols. Certains automobilistes affirment avoir été agressés par des individus mobilisés sur des barrages.
"Le dispositif de sécurité renforcé mis en place, cette nuit, a permis de déjouer des tentatives de cambriolages et d’assurer un retour au calme et à la sérénité", écrivait ce matin le préfet, Alexandre Rochatte, dans un communiqué.
Le bilan de la préfecture fait état de tentatives de cambriolages de magasins, à Vieux-Habitants et à Baillif, avec pour l’une d’entre elle l’utilisation d’un tractopelle ; elles "ont été empêchés", précise le communiqué.
Au Gosier, des feux de barrages ont été constatés. Les forces de l’ordre sont intervenues et ont rétabli la circulation.
En Basse-Terre, quatre interpellations ont été réalisées et deux à Pointe-à-pitre.
"Au cours des interventions de cette nuit, deux gendarmes ont été légèrement blessés", ajoute le représentant local de l'Etat.
Un blessé parmi les manifestants, à Bouliqui
Il y a eu des coups de feu, à balles réelles, à Bouliqui, aux Abymes. Aux alentours de 22h00, un manifestant a reçu une balle, à la jambe, dans ce quartier où des dizaines de jeunes ont érigé un barrage et y ont mis le feu. Touché au-dessus du genou, le garçon a été pris en charge par les pompiers et a été conduit à l'hôpital.
Le quartier, ce matin, est sous le choc. Les riverains témoins de la scène affirment que les jeunes n'étaient pas armés et que ce sont les forces qui sont venus en force. Elias, habitant de Bouliqui témoigne :
Entre temps, la route a été libérée, à Bouliqui/Les Abymes.
Le maire des Abymes, Eric Jalton, déplore la blessure dont a été victime ce jeune, au niveau du barrage de Bouliqui. Il invite tout un chacun à prendre ses précautions et à garder son sang froid.
L’histoire nous démontre que la violence génère davantage de problèmes qu’elle n’en règle !
Des condamnations déjà tombées
Des procès en correctionnelle se sont tenus, lundi 22 et mardi 23 novembre. Les mis en cause ont tous été épinglés, par les forces de l'ordre, dans le cadre des exactions commises durant les nuits du 18 au 22 novembre.
Plusieurs ont été condamnés ; les peines vont de mois de prison ferme à des travaux d'intérêt général.
Pas de négociation en vue
Côté négociation, pour qu'une issue soit trouvée à la grave crise qui sévit dans l'archipel, c'est le calme plat.
Les membres du gouvernement refusent de rencontrer les acteurs du Collectif d'organisations en lutte contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale, au prétexte que ceux-ci ne condamnent pas les violences des derniers jours.
Les membres de ce même collectif ont déclaré que les élus locaux sont disqualifiés, faute d'avoir pu défendre leur point de vue, face aux instances nationales.
Et le préfet de la Guadeloupe n'a pas, à ce jour, convoqué les grévistes, pour l'ouverture du dialogue social.
Seul le Département a fait un pas en direction des sapeurs-pompiers du SDIS, en répondant favorablement aux revendications de ces professionnels, sur les questions de conditions de travail.
Tout de même, les discussions se poursuivent, en coulisses, entre Paris et les élus guadeloupéens, après la rencontre du lundi 22 novembre avec le premier ministre, pour tenter de trouver une issue à cette crise sociale. Ce mercredi, en Conseil de défense, le président Emmanuel Macron doit apporter la réponse à la demande des élus, sur le rétablissement des tests négatifs de moins de 72 heures, pour les voyageurs débarquant en Guadeloupe.
Une question reste en suspens : comment mettre en oeuvre, localement, des mesures spécifiques, tout en prônant l'application de la loi du 5 août 2021, sur l'ensemble du territoire national ?
Les écoles toujours fermées
Le Rectorat a préféré maintenir les collèges et lycées fermés (il n'y a pas cours dans le 1er degré, le mercredi), aujourd'hui, au regard des difficultés de circulation, en Grande-Terre et en Basse-Terre. Cette mesure ne concerne pas les îles du Sud : Marie-Galante, Les Saintes et La Désirade.