Les neuf membres du Conseil présidentiel de transition en Haïti ont été nommés hier (mardi 16 avril 2024), par arrêté officiel. C’est un nouveau pas vers la mise en place de cet organe destiné à rétablir l'ordre public et la stabilité, dans ce pays en proie à la violence des gangs.
Les doutes des partis politiques locaux partiellement levés
Ce très attendu Conseil présidentiel de transition haïtien a été créé le 12 avril dernier par un décret signé du Premier ministre contesté Ariel Henry, qui a démissionné en mars.
Dès le lendemain, les neuf groupes et partis politiques qui seront représentés au sein de cette instance s'étaient déclarés "profondément choqués" par le texte, affirmant qu'il introduisait des "modifications majeures" par rapport à l'accord conclu la semaine précédente.
Dans ce décret, le gouvernement sortant avait pris acte de la création du Conseil, mais sans mentionner le nom de ses membres. Il avait ensuite demandé aux "personnalités désignées par les parties prenantes" de soumettre des documents aux autorités à des fins d'approbation. Cela semble avoir retardé la mise en place du conseil, suscitant des craintes que le gouvernement puisse rejeter certains noms.
L'arrêté publié mardi dans "Le Moniteur", le journal officiel d'Haïti, semble répondre partiellement à cette inquiétude, puisqu'il donne explicitement les noms des sept membres, représentant les principales forces politiques et le secteur privé, ainsi que deux observateurs sans droit de vote.
Toutefois, l'arrêté précise que les membres "seront tenus de soumettre les documents nécessaires dans un délai raisonnable, et que s'ils ne sont pas en mesure de le faire, ils seront obligés de démissionner".
Le Conseil est censé assurer une transition en douceur, lorsqu’Ariel Henry, nommé quelques jours avant l'assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse, quittera ses fonctions, ce qui ouvrira la voie vers une élection présidentielle.
Un Conseil presque exclusivement composé d’hommes
Les membres du Conseil présidentiel de transition haïtien sont !
- Smith Augustin, ancien diplomate ;
- Louis Gérald Gilles, médecin et ancien sénateur ;
- Fritz Alphonse Jean, ancien gouverneur de la banque centrale d'Haïti ;
- Edgar Leblanc Fils, ancien président du Sénat ;
- Laurent Saint-Cyr, entrepreneur ;
- Emmanuel Vertilaire, avocat ;
- Leslie Voltaire, ancien ministre et diplomate ;
- Frinel Joseph, pasteur évangélique, nommé membre observateur sans droit de vote ;
- Régine Abraham, ancienne fonctionnaire de la Banque mondiale, nommée membre observateur sans droit de vote.
Le 25 mars dernier, l'ambassadrice d'Haïti auprès de l'Unesco, Dominique Dupuy, sélectionnée pour représenter la coalition EDE/RED/Compromis historique, avait jeté l'éponge. La seule femme choisie pour faire partie du Conseil (membre avec droit de vote) évoquait alors des menaces de mort contre sa famille, ainsi que des attaques misogynes. Elle a donc été remplacée par Smith Augustin, ancien ambassadeur d'Haïti en République dominicaine.
Sans président, ni Parlement, Haïti n'a connu aucune élection depuis 2016.
La capitale du pays, Port-au-Prince, est à 80% aux mains des bandes criminelles, accusées de nombreuses exactions, en particulier des meurtres, des viols, des pillages, ou encore des enlèvements contre rançon.