Le juge Walther Wesser Voltaire, le magistrat haïtien chargé de superviser l'enquête sur le meurtre de Moïse, a ordonné l'arrestation de Martine Moïse. C’est ce que rapporte le Miami Herald.
Le mandat a été émis il y a des mois et envoyé à la police haïtienne, mais l'existence de ce mandat n'a été rendue publique que ce lundi 29 janvier, lorsqu'une copie a été divulguée sur les réseaux sociaux haïtiens. Le juge voudrait interroger l’épouse de l’ancien chef d’État sur « les faits de vol à mains armées, tentative d’assassinat, assassinat, association de malfaiteurs, etc., au préjudice du président de la République ».
Mais la police n'a pas pu procéder à son arrestation, car Martine Moïse n'est pas en Haïti. Selon le Miami Herald, Martine Moïse vivrait dans le sud de la Floride en attendant une décision des autorités américaines de l’immigration quant à savoir si elle peut prolonger son séjour. Elle était en visite avec un visa de voyage qui a, depuis, expiré.
L'ancienne première dame a refusé de comparaître devant le juge, qui souhaite l'interroger sur l'attentat, et a exigé à la place son renvoi. Le mandat d'arrêt est prononcé pour défaut de comparution devant le juge d'instruction. Le mandat ne fait aucune mention d’une éventuelle implication de Martine Moïse dans la mort de son mari, indique aussi le quotidien américain.
Refus de coopérer avec l'enquête haïtienne
Le 7 juillet 2021, l’ex-première dame d’Haïti se trouvait dans leur résidence avec son mari, Jovenel Moïse, avec leurs deux enfants lorsque les assassins sont entrés par effraction et lui ont tiré dessus. Martine Moïse, qui a survécu à l'attaque, avait été transportée par ambulance aérienne vers les États-Unis et soignée en Floride, avant de retourner à Port-au-Prince. Si elle a d'abord répondu aux autorités haïtiennes, Martine Moïse a, depuis, refusé de coopérer à l’enquête. Elle n'a pas pris part aux cérémonies de commémoration officielle en l’honneur de Jovenel Moïse, ni à l’inauguration du mausolée.
L’ancienne première dame n’a accordé que de très rares interviews depuis l’assassinat de son mari. Mais sur l’antenne de RFI, elle avait pointé du doigt les autorités haïtiennes. Malgré des dizaines d’arrestations et une enquête américaine en cours, le mobile du meurtre et son commanditaire restent toujours mystérieux.
Un nouveau juge d'instruction pour booster l'enquête
Deux enquêtes parallèles sont en cours sur le meurtre de Moïse, qui ont déjà permis à quatre suspects de plaider coupables aux États-Unis. L'homme d'affaires chilo-haïtien Rodolphe Jaar a ainsi été condamné à la prison à vie en juin en Floride. Il avait admis avoir fourni de l'argent et des armes au commando qui a tué Jovenel Moïse. Parmi les suspects dans ce dossier, deux responsables d'une société de sécurité suspectés d'avoir recruté des mercenaires colombiens.
Après des mois de blocage, l'enquête sur Haïti a commencé à prendre de l'ampleur à la fin de l'année dernière lorsque Walther Wesser Voltaire, le cinquième juge d'instruction affecté à l'affaire, a commencé à examiner de plus près les proches de l'ancien président et à ordonner à un nouveau groupe de suspects de comparaître. Il a par exemple interrogé l'ancien Premier ministre Claude Joseph.
Lire aussi :