L'autorité de sûreté nucléaire épingle les CHU de Guadeloupe et Martinique sur leurs systèmes de radioprotection

Inauguration de deux salles de radiologie interventionnelle au CHUG - 17/06/2023.
Déficit de moyens humains et matériels, défaut de formation des personnels, délais de prise en charge particulièrement longs... il y a fort à faire pour que les services de radiothérapie et de médecine nucléaire de Guadeloupe et de Martinique soient performants et aient un fonctionnement optimal. L'Autorité de sûreté nucléaire tire la sonnette d’alarme.

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a dénoncé, ce vendredi 13 septembre 2024, des "défaillances" en matière de radioprotection, dans les services de radiothérapie et de médecine nucléaire de Guadeloupe et de Martinique. Selon Louis Bouthier, chef de la division de Paris qui chapeaute les départements et régions d'Outre-mer, les Centres hospitaliers universitaires (CHU) des Antilles françaises sont soumis à des "manques de moyens" chroniques, tant du point de vue des ressources humaines, que des équipements. Ce qui induit des "pertes de chances pour les patients dans leur parcours de soins", estime-t-il, tout en soulignant la "forte mobilisation des équipes" opérationnelles, pour améliorer la situation.

Des manquements au détriment des patients

En Martinique, où un cyclotron est entré en service en avril dernier, l'ASN pointe l'absence de contrôles et de prise de mesures des contaminations potentielles, dans les zones où sont manipulés des produits radioactifs. L’Autorité évoque aussi des pannes répétées des accélérateurs non signalées, créant des reports de prises en charge des patients. Autre point des griefs : l’absence de formation à la radioprotection de membres du personnel, qui interviennent pourtant dans les services dédiés.
"Cette situation est inacceptable", écrit l'ASN dans un courrier de l'inspection, adressée à la direction du CHU.

Urgences du CHU de la Meynard à Foirt-de-France.

En Guadeloupe c'est aussi sur le volet RH que le bât blesse : manque de formation, manque de personnel aussi, créant des "fragilités (...) en termes de continuité de service, en cas d'absence de certains professionnels". Début 2024, le Centre d'imagerie moléculaire de la Guadeloupe était resté fermé durant deux semaines, en raison de l'absence du radiopharmacien, indispensable à son fonctionnement. Malgré tout, la Guadeloupe continue de s'équiper en appareils indispensables : un TEP scan (qui permet des examens scintigraphiques utilisés en cancérologie) supplémentaire est prévu et, à Marie-Galante, une offre de curiethérapie (qui permet l'irradiation des tumeurs cancéreuses) doit être installée.

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Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG).

De très longs délais de prise en charge

De manière plus générale, le Comité interministériel des Outre-mer (CIOM) prévoit de "réduire les délais de prise en charge des cancers" qui, actuellement, peuvent monter à plusieurs mois, entre la détection et le traitement, contre plusieurs dizaines de jours dans l'Hexagone, selon Santé publique France.

Selon plusieurs études, les Antilles françaises présentent l'un des plus forts taux d'incidence du cancer de la prostate au monde, malgré un taux d'incidence global, tous cancers confondus, inférieur à celui de la France hexagonale dans les deux départements antillais.