Ouragans : pas plus nombreux, mais plus puissants

Le GIEC vient de publier le résumé d'un rapport* alarmant, sur les conséquences du réchauffement climatique, limité à 1,5°C.
Parmi les impacts à craindre, il y a le passage, sur nos territoires caribéens, de phénomènes cycloniques plus puissants.
Après la saison cycloniques 2017**, dans le bassin Atlantique Nord / Mer des Caraïbes / Golfe du Mexique, rythmée par 17 cyclones nommés, dont 6 sont devenus des ouragans majeurs, les débats sont relancés : les éléments, à l’avenir, seront-ils plus souvent déchaînés ? Plus puissamment ?

Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Christophe Valère MONTOUT, responsable de l’unité climatologie du centre Météo France de Guadeloupe.

Extrait de cette interview réalisée par Nadine FADEL :

Alerte Guadeloupe : En quoi le changement climatique influe sur l’activité cyclonique ?

Christophe Valère MONTOUT :
 Les effets du changement climatique provoquent une augmentation de l’épaisseur de l’atmosphère en zone tropicale. Il en découle une capacité pour l’atmosphère à contenir plus d’eau.
Et, qui dit plus d’eau, dit plus d’énergie, puisque c’est l’eau qui est le premier vecteur de la chaleur latente à l’intérieur des cyclones, c’est l’eau chaude qui leur sert d’essence et, donc, cette eau chaude, qui prend plus de place dans l’atmosphère, donne plus de capacité aux phénomènes majeurs de s’exprimer. Donc, le risque est d’avoir des ouragans plus puissants. Là où, jusqu’ici, on avait des classes 4, hé bien on aura des classes 5***, par exemple.

« Le risque est d’avoir des ouragans plus puissants, pas forcément plus nombreux. »

A.G. : Plus puissants... et plus nombreux ?

C.V.M. :
Il y a des cycles. Mais pour pouvoir faire des statistiques sur l’ensemble des cyclones dans le passé, il faudrait qu’on puisse remonter très loin. Or, la « mémoire météo » n’a que 150/200 ans. Sur cette période, il y a eu moins de trente cyclones majeurs, sur la Guadeloupe. Il en faudrait au moins mille, pour qu’on puisse étudier comment ils existent, comment ils se comportent, comment ils se répercutent. Comme pour des sondages de personnes, plus le groupe est volumineux, plus le résultat est représentatif de l’ensemble de la population.

A.G. : La mémoire manque, mais qu’en est-il des traces des évènements passés, sur le territoire ?

C.V.M. :
Il existe la paléoclimatologie. Mais elle est très difficile en zone tropicale, où les pluies, très fortes, rongent le sol et fait disparaître les traces des cyclones précédents. C’est très compliqué d’aller chercher, dans le passé, toutes traces de cyclones anciens. Or, avant de parler de changement climatique, d’évolution et de prédire ce qui va arriver, il faut déjà savoir ce qui a été.

A.G. : Est-ce que la saison cyclonique 2017, avec plusieurs phénomènes qui ont emprunté pratiquement la même trajectoire, vous a étonné ?

C.V.M. :
Pas du tout. Nous avions prévu qu’il allait y avoir une année comme celle-là. On ne peut pas prédire la force des cyclones, ni leurs trajectoires exactes... mais les prévisions sur les grandes zones climatiques nous ont permis de savoir que les conditions étaient réunies pour ce type de phénomènes. Le problème c’est que les marges d’incertitude sont assez grandes. La Guadeloupe c’est un point. On peut parler de conditions générales, mais pas si la Guadeloupe sera concernée, dans l’immensité de la zone. 1989 était une année relativement calme... mais on a eu Hugo, qui a été catastrophique pour nous.

A.G. : Nous craignons les cyclones... mais ainsi vit la planète Terre ?

C.V.M. :
Oui ! Parce que je rappelle que le cyclone est le moyen qu’a trouvé la Terre pour ne pas « exploser ». Lorsque vous chauffez une cocotte minute, il faut à un moment donné qu’elle lâche la vapeur. Alors que ça chauffe au niveau de l’Equateur, les Pôles restent froids. Le cyclone est le meilleur moyen pour envoyer le surplus de chaleur vers le Nord. C’est sa façon de respirer. Sinon, l’atmosphère se détruirait. C’est le cas partout sur la planète... mais pas que sur Terre ! Il y a des cyclones sur Vénus, sur Mars, ou encore sur Jupiter. C’est, donc, bien un phénomène naturel, qui a toujours existé... et qui va toujours exister. A l’Homme de s’adapter.www.meteofrance.gp/              
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* A lire l’article « Climat : le GIEC tire la sonnette d’alarme ». 
** A lire l’article « La saison cyclonique 2017 ».                                      
*** A lire l’article « Les catégories d’ouragans ».