Trois insectes de Guadeloupe et un de Saint-Martin vont bientôt figurer dans la liste des espèces protégées, deux arrêtés ministériels sont en projet, afin de protéger ces quatre espèces d’insectes menacés. Il s’agit de deux coléoptères, une libellule et une abeille.
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Un premier arrêté qui concerne la Guadeloupe
Avec plus de 3 000 espèces connues à ce jour, et un potentiel total estimé entre 4 500 et 4 800 espèces, la faune des insectes en Guadeloupe présente une diversité particulièrement marquée. Mais certaines espèces sont menacées. Le précédent arrêté ministériel fixant la liste des insectes protégés dans notre archipel date de 2007. Et il ne concerne qu’une seule espèce : le Dynaste hercule, un coléoptère endémique des Petites Antilles, plus connu sous le nom de « scieur de long » ; l’un des plus gros insectes du monde, puisqu’il peut atteindre 17 cm de long (et 20 cm d’envergure en vol).
Le nouvel arrêté du ministère de la Transition écologique prévoit de renforcer sa protection, en intégrant la préservation des habitats de ce magnifique scarabée, qui vit essentiellement en forêt dense. Mais le texte intègre également deux nouvelles espèces, particulièrement menacées, selon de récentes études scientifiques. Il s’agit d’une part d’une libellule endémique de la Guadeloupe, la Protoneure de Romane ; et d’autre part d’une abeille endémique de Guadeloupe et de la Dominique : la Mélipone de Guadeloupe. Une espèce sauvage qui vit en colonies, dans la forêt basse-terrienne. Cette petite abeille rousse, qui ne pique pas, est recherchée pour son miel, appelé « myèl ti-poban » par les anciens, et qui présenterait des vertus thérapeutiques.
L’autre arrêté concerne Saint-Martin
Actuellement, il n’existe à Saint-Martin aucun insecte protégé. L’arrêté en projet vise une espèce particulièrement emblématique de l’île : le Solenoptère de Chalumeau, en référence à Fortuné Chalumeau, entomologiste guadeloupéen bien connu, qui a identifié ce coléoptère endémique de Saint-Martin. L’espèce est présente uniquement sur le Pic Paradis, sur une surface de seulement 10 hectares environ, une aire de répartition mondiale extrêmement réduite donc. La principale menace qui pèse sur l’espèce est la destruction et l’altération de ses habitats, du fait de l’anthropisation, c’est-à-dire la transformation des milieux par l’Homme. Et justement, ces deux arrêtés Guadeloupe et Saint-Martin envisagent une protection stricte des quatre insectes menacés : interdiction de détruire, mutiler, capturer ou perturber intentionnellement des spécimens adultes dans le milieu naturel. Interdiction de détruire ou prélever des oeufs, larves ou nymphes. Interdites aussi la destruction ou la dégradation des aires de reproduction et des aires de repos de ces insectes. Mais les arrêtés ne prévoient pas une « protection intégrale ». Des dérogations aux interdictions sont prévues dans ces deux textes. Et c’est ce que souhaitent obtenir certains apiculteurs de Guadeloupe, qui détiennent des colonies d’abeilles mélipones, prélevées dans les arbres creux de la forêt… Ces deux projets d’arrêtés ont reçu le 24 septembre un avis favorable du Conseil National de Protection de la Nature. Ils ont ensuite fait l’objet d’une consultation publique, entre le 9 octobre et le 3 novembre. On attend donc leur signature par le ministère de la Transition écologique.VOIR AUSSI :
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