Suppression de 107 postes d’enseignants à la rentrée 2024 en Guadeloupe

Rectorat de la Guadeloupe
L’administration rectorale a une approche très mathématique de la gestion de l’académie de Guadeloupe, selon les syndicats d’éducation. Ainsi, compte tenu de la baisse du nombre d’élèves prévue à la rentrée prochaine, la suppression de 107 postes est annoncée, dont 55 dans le second degré. Cette année encore, les enseignants plaident eux pour une éducation de qualité, tenant compte des spécificités locales, en termes de niveau de vie des familles, du caractère archipélagique du territoire, ou encore du niveau en baisse des écoliers, collégiens et lycéens.

Voilà une information qui, comme chaque année, fait grincer des dents les personnels d’Education nationale : lors de la prochaine rentrée scolaire, en septembre 2024, il y aura de nouvelles suppressions de postes d’enseignants au sein de l’académie.
Et, comme chaque année, le rectorat justifie cette décision par la baisse des effectifs d’élèves, tant dans le premier que dans le second degré.
Dans son communiqué, l’administration se réjouit malgré tout de "taux d’encadrement qui évoluent positivement en dix ans".

Baisse constante du nombre d’élèves

Alors que les syndicats d’enseignants ne cessent de réclamer davantage de moyens humains au sein de l’académie de Guadeloupe, le phénomène inverse est observé d’une année à l’autre.
La baisse des effectifs d’élèves, au sein des établissements de l’archipel, est l’argument récurrent du rectorat, pour justifier les coupes opérées sur le nombre de personnels.

En une décennie, la région académique aura enregistré une baisse des effectifs scolaires de plus de 20.000 élèves dans le secteur public, soit plus d’un cinquième, avec une baisse de 25% dans le premier degré et 16,5% dans le second degré.

Communiqué de la région académique de Guadeloupe

Ainsi, il est question d’un total de 1246 élèves en moins, à la rentrée 2024, dont 502 écoliers et 744 collégiens et lycéens.

Ce nombre influe immanquablement sur la dotation de moyens d’enseignement.
Ce calcul est dénoncé par les syndicats, qui préfèrent parler de qualité nécessaire d’enseignement, plutôt qu’exclusivement de chiffres.

On ne peut pas appuyer les dotations de postes uniquement sur la démographique, lorsqu’on sait qu’on est dans un département avec des situations très compliquées : plus de 40% des cellules familiales sont en dessous du seuil de pauvreté, 98% de nos établissements auraient dû être en éducation prioritaire, 30% de nos jeunes quittent le système éducatif sans diplôme (...). Il faut au contraire profiter de la baisse des effectifs, pour doter les écoles élémentaires de classes dédoublées en grande section, en Cp et en CE1, mais aussi pour que les classes ne dépassent pas les 24 élèves, notamment au collège.

Eddy Ségur, secrétaire général de la FSU Guadeloupe

Il s’agit, pour les représentants des professeurs, de lutter contre la baisse du niveau scolaire et contre l’échec scolaire, dans l’académie.

107 enseignants en moins en septembre 2024

Le Comité social d’administration de l’Education nationale s’est réuni le jeudi 21 décembre dernier, afin de trancher quant aux moyens alloués aux établissements scolaires publics, à la rentrée prochaine.

Dans le 1er degré (écoles maternelles et élémentaires), la Guadeloupe perdra 52 postes.
En effet, la baisse démographique (à hauteur de 1,4%) aurait dû mener à la suppression de 69 emplois enseignants. Mais, afin de permettre un travail par groupe de niveaux, 17 postes sont attribués au territoire.

La prise en compte du besoin de groupes de travail différenciés ne satisfait pas la FSU ; pour le syndicat, cette mesure doit être étendue à l’ensemble du territoire.

Si on avait placé toute l’académie en éducation prioritaire, c’est quasiment 200 postes qu’il aurait fallu créer, ça fait belle lurette que nous aurions pu dédoubler les classes et ça fait belle lurette qu’on aurait pu lutter contre l’échec scolaire. On ne peut pas se contenter de miettes, dans notre académie archipélagique, également basée à Saint-Martin et Saint-Barthélemy ! On aurait dû avoir beaucoup plus de moyens !

Eddy Ségur, secrétaire général de la FSU Guadeloupe

Dans le second degré (collèges et lycées), où la perte d’élèves est de 1,9%, l’archipel devra se passer de 55 postes, dont 5 équivalents temps plein en heures supplémentaires annuelles (ETP HSA).

C’est une très mauvaise nouvelle ! Surtout quand le ministre de l’Education M. Attal* annonce qu’il va falloir procéder à un choc des savoirs, faire en sorte que les élèves soient mieux encadrés, ne voilà-t-il pas que, cette année encore, nous subissons 107 suppressions de postes, alors que nous avons subi, l’an dernier, 131 suppressions de postes. C’est la poursuite de cette saignée sur notre territoire.

Teddy Tancons, secrétaire académique du SNCL Guadeloupe

*À LIRE AUSSI : En 2024, "un tiers des créations de postes" d'enseignants dans le second degré seront en Outre-mer, assure Gabriel Attal – 21/12/2023.

Un des meilleurs taux d’encadrement au national ?

Notre académie se place toujours dans le trio de tête des académies les mieux encadrées.

Communiqué de la région académique de Guadeloupe

Le syndicat SNCL s’inscrit en faux, sur ce point.

C’est une moyenne qui est faite. Quand on met sur la balance les classes bondées que nous pouvons avoir en Guadeloupe et les très petits effectifs que nous pouvons retrouver sur les Saintes, La Désirade... forcément, la moyenne dit que nous avons un bon taux d’encadrement. Mais ce n’est pas la réalité sur le terrain.

Teddy Tancons, secrétaire académique du SNCL Guadeloupe

Pour rappel, en septembre dernier, tous les élèves de CP, CE1, CM1, 6ᵉ et 4ᵉ ont passé un test de français et de mathématiques pour mesurer leur niveau scolaire. Les jeunes ultramarins, dont les Guadeloupéens, accusent un retard considérable comparé à ceux de l'Hexagone.