En Outre-mer, le niveau des élèves en français et en mathématiques est le plus bas de France

En septembre, tous les élèves de CP, CE1, CM1, 6ᵉ et 4ᵉ ont passé un test de français et de mathématiques pour mesurer leur niveau scolaire. Les jeunes ultramarins accusent un retard considérable comparé à l'Hexagone, en particulier en Guyane et à Mayotte.

Gabriel Attal a rendu les copies. Et le constat pour les élèves d'Outre-mer est alarmant. Des Antilles à la Polynésie, en passant par La Réunion, Mayotte, la Guyane, et Saint-Pierre et Miquelon, ils accusent de grosses lacunes en français et en mathématiques, les deux matières évaluées dans toutes les classes de CP, CE1, CM1, 6ᵉ et 4ᵉ du pays au mois de septembre.

Depuis 2017, le gouvernement a mis en place ces tests pour jauger le niveau des écoliers et des collégiens afin de permettre aux enseignants de voir où en sont leurs élèves, mais aussi pour obtenir une vision générale des aptitudes en lecture, écriture, calcul et mesure des jeunes Français. D'abord généralisées pour les enfants en CP, CE1 et 6ᵉ, les évaluations ont été étendues au CM1 et à la 4ᵉ cette année.

En publiant les résultats lundi 13 novembre, le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal s'est dit inquiet du niveau des collégiens de 4ᵉ, testés pour la première fois. "Un peu plus de la moitié des élèves ne lisent pas convenablement et, en mathématiques, plus de la moitié ne maîtrisent pas la résolution de problèmes et la géométrie", a-t-il signalé dans la presse

Pourtant, si les résultats nationaux alertent le ministre, le cas des écoliers et collégiens ultramarins est encore plus inquiétant. Dans l'ensemble des territoires d'Outre-mer, les résultats sont moins bons que dans l'Hexagone. À Mayotte et en Guyane, ils sont même catastrophiques.

Ecole Tobbie Bala, Maripasoula


En bas du classement

Selon Le Parisien, qui a eu un accès exclusif aux résultats des évaluations des 6ᵉ dans chaque académie, les territoires d'Outre-mer terminent en bas du classement dans les deux matières. En français, les Ultramarins n'ont obtenu qu'un score moyen compris entre 245 points (Martinique) et 189,2 points (Mayotte), quand la moyenne nationale s'élève à 256,7 points. Seul Saint-Pierre et Miquelon fait un peu mieux que les autres Outre-mer avec 250,4 points, mais reste en dessous de la moyenne.

En mathématiques, les élèves ont en moyenne obtenu moins de 200 points à Mayotte (183) et en Guyane (196,3), là aussi les pires scores français. La Réunion (234,6), la Martinique (232,9), la Guadeloupe (228,2) et la Polynésie (222,5) font aussi partie des derniers de la classe, alors que la moyenne nationale est de 254,1 points. L'académie de Paris, à titre de comparaison, est en tout en haut du classement, avec 278,3 points.

"Ces résultats sont révélateurs de la façon dont les académies d'Outre-mer sont traitées depuis des années par les ministres successifs", réagit Sophie Vénétitay, professeure de SES dans l'Essonne et secrétaire générale du SNES-FSU, un syndicat représentant les enseignants du second degré.

Au mois de septembre, la branche en charge du primaire dans ce même syndicat avait tiré la sonnette d'alarme sur les conditions d'enseignement dans les écoles d'Outre-mer, parlant de territoires en "sous-France".

Manque d'enseignants

Aux particularités culturelles des départements, régions et collectivités d'Outre-mer, qui peuvent expliquer (en partie) les retards en français de certains élèves, s'ajoutent les problèmes socio-économiques qui frappent ces territoires éloignés de l'Hexagone : pauvreté, enclavement, violences... 

Le transport scolaire sur le fleuve à Apatou

C'est particulièrement le cas en Guyane et à Mayotte. "L'éducation nationale y est quasiment en ruines", estime Sophie Vénétitay. "On sait qu'il y a un certain nombre d'établissements qui sont classés en éducation prioritaire. On souhaiterait que l'ensemble des établissements d'Outre-mer soit classé [REP ou REP +, NDLR]", dit la secrétaire générale du SNES-FSU. 

Classer l'ensemble des établissements en REP + aurait l'avantage de réduire les effectifs dans les classes et d'adapter le suivi et l'enseignement des élèves. Mais encore faudrait-il rendre les territoires attractifs, alors que les Outre-mer manquent cruellement d'enseignants.

Contacté sur le cas particulier du niveau des élèves ultramarins, le ministère de l'Éducation n'a pas donné suite à nos sollicitations. Dans la presse, Gabriel Attal a évoqué l'idée de mettre en place des groupes de niveau en français et en mathématiques. "D'autres mesures sont envisageables, notamment des parcours renforcés avec plus d'heures en maths et en français pour les élèves les plus fragiles. Quitte à réduire pour eux dans un premier temps le volume horaire d'autres disciplines", a précisé le ministre. Il doit annoncer des mesures pour les collèges au mois de décembre, qui seront applicables dès la prochaine rentrée.