"Avant, c’était trois fois par mois, là c’est toutes les semaines. J’en suis à me dire que je vais vendre ma maison. J’aime beaucoup le cadre de vie, la campagne mais là ce n’est plus possible".
À l’image de cette mère de famille, résidant au lotissement Demba depuis 2020, les habitants de Macouria se disent exaspérés par les coupures qu’ils estiment de plus en plus récurrentes sur la commune.
5000 foyers privés d'électricité
Dernier élément en date, le 24 mars, 5 000 foyers dans le secteur de Soula ont subi une coupure de réseau pendant plusieurs heures en raison "d’un double défaut sur un câble souterrain 20 000 volts", explique EDF.
Si 90 % des compteurs ont été réalimentés dans la nuit, ce n’est qu’à 15 heures le lendemain que le courant est revenu dans l’ensemble de la zone.
"Chez nous, ça a duré jusqu’à 23 heures, je n’ai pas pu faire à manger et nous n’avons pas été informés pour savoir s’il fallait trouver une solution de secours pour les denrées alimentaires ou autre. On était dans le néant",
Séverine, une habitante de Soula qui déplore le "manque de transparence" d'EDF
Renforcement du réseau
"Quand il y a une panne, nous nous concentrons sur le rétablissement rapide du réseau. Il est vrai que la communication est une de nos fragilités et nous y travaillons", concède Aurélien Pichon responsable réseau chez EDF Guyane.
Plus largement, le fournisseur public d’électricité assure mener un travail de statistiques et d’analyse sur l’ensemble des événements de 2024 et 2025 ayant eu lieu sur le secteur de Macouria afin "d’identifier les points de fragilité".
Dans le cadre de ses opérations de maintenance, EDF explique aussi renforcer régulièrement ses ouvrages pour accroître leur durée de vie et développer son réseau afin de "s’affranchir" des câbles existants, en cas de défaut.
"On ne peut pas annoncer une deadline où il n’y aura aucun problème. Le risque zéro n’existe pas mais nous regardons la zone de Macouria de manière assez précise"
Aurélien Pichon, responsable réseau chez EDF Guyane
Les Macouriens, quant à eux, entendent maintenir la pression tant sur EDF que sur l’équipe municipale. Une pétition lancée le 24 mars circule en ligne, exigeant "une action pour mettre fin à ces coupures constantes et une indemnisation pour les dommages causés à nos appareils électriques".
Le texte signé par 200 personnes à l’heure de la publication interpelle aussi les élus jugés "indifférents à cette situation de plus en plus critique".
Le 25 mars, Gilles Adelson, le maire de Macouria a réagi via un communiqué où il exprime sa "vive préoccupation" face à une situation "intolérable" et somme la direction d’EDF de prendre "toutes les mesures pour garantir la continuité du service public de l’électricité sur l’ensemble du territoire communal." Une rencontre est prévue entre la mairie et la direction d'EDF en début de semaine prochaine, afin d'organiser une réunion publique où les administrés seront conviés afin de discuter de ce sujet.
Un problème structurel en Guyane
L’édile en profite pour critiquer le "refus" du projet Maya, une centrale photovoltaïque d’une puissance de 20 MW portée par Total Energies qui aurait pu voir le jour sur la commune.
Le projet, qui n’en était qu’à ses prémices, n’a pas été retenu dans le cadre de la révision de Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), ce qui a conduit Total à annoncer son désengagement, entraînant la protestation de plusieurs élus locaux.
Toutefois, selon les explications d’EDF, le problème des coupures sur Macouria n’a rien à voir avec un problème de capacité du réseau. Quelles que soient les causes, les black-out sont un problème récurrent dans toute la Guyane, de Saint Georges à Maripasoula en passant par l'île de Cayenne.