L’eau se raréfie dans de nombreuses contrées, notamment sur le continent africain, durement frappée par le déficit hydrique. L’eau, il n’est question que de cela en cette période de saison des pluies. Ce mois de mars, elle a pris possession de l’ensemble des terres guyanaises aidée par le phénomène La Niña avec à l'appui des records de pluies qui ont entrainé des inondations spectaculaires et catastrophiques.
Cette ressource naturelle, néanmoins précieuse, se trouve au cœur de problématiques environnementales et sociétales qui ne peuvent se résoudre qu’à l’échelle d’une politique de coopération avec les états voisins du Suriname et de l’Amapa. Cela a conduit à la mise en place de la structure Bio-Plateaux et la ratification en septembre 2021 par le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, d'une convention cadre pour le suivi hydrologique du Maroni avec le ministre des Travaux Publics du Surinam Riad Nurmohamed.
Des problématiques prégnantes de sécurité de l’eau à résoudre dans les bassins de vie du Maroni et de l’Oyapock
« Il faut faire preuve de résilience face à un changement climatique qui est là et adapter nos comportements, notre façon d’aménager notre territoire pour y faire face. Le besoin le plus flagrant sera celui de déplacer des populations entières vivant de façon séculaire en bord de fleuve. »
A Dakar, Patrick Lecante, qui est aussi membre du Comité national de l’eau et du PFE, Partenariat français pour l’eau qui fédère l’ensemble des acteurs pour l’eau sera accompagné de deux techniciens : Franck Chow-Toun, Responsable de la Planification, Perspective de l’eau et des relations internationales à l’Office de l’Eau de Guyane (OEG), et point focal du projet Bio-Plateaux, et Ahmed Houssein, Directeur général adjoint des services à la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral (CACL) et membre expert au Comité de l’Eau et la Biodiversité de Guyane.
Le maire de Montsinéry va donc défendre au forum de Dakar qui a pour thème la sécurité de l’eau pour la paix et le développement, ce principe de la prise en compte d'une solution globale à mener de concert avec les voisins du Brésil et du Suriname :
« En matière de gestion d’eau en amont et en aval des bassins de vie du Maroni et de l’Oyapock, on se rend bien compte qu’il n’y a pas de frontières avec des problématiques prégnantes qui se répètent de part et d’autre des fleuves. Sur le Lawa du Maroni, c’est la question de l’orpaillage illégal et des déchets. Le cours d’eau en amont contient beaucoup de matières en suspension, du cyanure et des déchets partout facteurs de risques pour la santé de la population ».
Sur l’Oyapock, il y a urgence à résoudre les problèmes d’assainissement. Si la commune de Saint-Georges fait de gros efforts pour résoudre la question de la gestion des eaux usées, sur la rive brésilienne se développe un phénomène inquiétant :
« ... une ville de 30 000 habitants, Vila Vitoria, sans assainissement dont toutes les eaux usées partent directement dans le fleuve avec des problématiques de santé pour les hommes et la destruction du milieu aquatique… »
La question de sécurisation de l’eau se pose partout. Le partage de la connaissance et des données est essentiel pour régler ces problématiques avec en ligne de mire le développement durable. Il faut se rappeler que le FME est un organisme important qui réunit plus de 200 pays où la Guyane est intégrée du fait de sa structure de coopération régionale Bio-Plateaux avec le Brésil par le biais de l’Amapa, le Suriname et à terme le Guyana.
L’objectif est aussi de rejoindre l’OTCA (Organisation du traité de coopération amazonienne) qui regroupe huit États sud-américains ayant en commun la forêt amazonienne. Les travaux guyanais issus des rencontres bilatérales seront présentés lors de deux sessions afin que la voix de la Guyane en Amérique du sud soit aussi entendue.
Un programme d’investissement exceptionnel évalué à 300 millions d’euros réclamé depuis 5 ans
Le SDAGE est le document programmatique - le shéma directeur de l’aménagement et de gestion de l’eau - qui s’applique pour le territoire Guyane. Document de planification établi pour l’eau, l’assainissement à l’échelle du district (il y en a 20 en France). Les conclusions sont reprises in extenso pour pouvoir gérer la ressource en eau. Le 5e SDAGE avait notamment prévu l’urgente nécessité de réaliser une usine d’eau potable pour l’agglomération de Cayenne laquelle a été construite à Matiti. il en a été de même pour la réalisation d’une unité d’épuration d’eaux usées à la zone Leblond.
Le SDAGE actuel prend en compte les pressions sur le milieu hydrique avec la question de l’orpaillage illégal et l’assainissement des eaux usées et les déchets. Un tel document de planification précise les moyens, notamment financiers, à mettre en place sur le plan communal ou intercommunal pour la réalisation.
Patrick Lecante plaide pour un programme exceptionnel d’investissement pour la Guyane de l’ordre de 300 millions d’euros pour l’eau potable et l’assainissement à décliner sur plusieurs années. Ce qui permettrait que :
« … la Guyane soit dans un rattrapage infrastructurel en mettant en place les stations de captage, les stations d’épuration et les canalisations afférentes et soit aussi dans l’anticipation. »
Patrick Lecante
C’est un enjeu local d’importance car 30% de la population n’a pas accès à un service publique d’eau potable. L’objectif est donc de produire de l’eau en quantité comme en qualité.