Des attaques de gangs, dans le Sud de la capitale haïtienne Port-au-Prince, ont fait au moins deux morts et plus de 5.000 déplacés, a indiqué lundi (21 octobre 2024) la Protection civile de ce pays pauvre des Caraïbes, déchiré par la violence des bandes armées.
Une attaque meurtrière, une de plus
Selon un bilan partiel, deux femmes, dont l'une enceinte de huit mois, ont été tuées dans le cadre de dernières attaques, menées par plusieurs gangs regroupés au sein de la coalition "Viv Ansanm" ("Vivre ensemble"), dans le quartier de Solino. "Elles ont été tuées à l'intérieur de leur maison", précise le rapport de la Protection civile, qui a également fait état de maisons et de véhicules incendiés.
Le pays pâtit depuis longtemps de ce climat d’une rare violence, mais les actions des criminels ont redoublé d'intensité, ces derniers mois ; elles ont encore aggravé la crise humanitaire.
De la violence gratuite à tout-va
Depuis le 17 octobre, plusieurs quartiers de Port-au-Prince sont particulièrement ciblés par des gangs.
Les attaques se sont poursuivies à Solino, dans l'après-midi de lundi. Des colonnes de fumée provenant de maisons incendiées par les gangs étaient visibles.
Lundi, d'autres localités ont fait l'objet d'attaques, dont une école de la commune de L'Estère, où un parent d'élève a été tué, tandis que plusieurs écoliers ont été blessés.
Début octobre, une attaque d'un gang, contre la localité de Pont-Sondé, avait fait au moins 115 morts et plus d'une quarantaine de blessés.
Après plusieurs mois d'une relative accalmie, les gangs de "Viv Ansanm" ont multiplié les attaques, ces derniers jours, malgré la présence d'une mission multinationale dirigée par le Kenya, pour épauler la police haïtienne dépassée.
Des moyens limités pour faire face aux gangs surpuissants
Cette mission a commencé à se déployer en juillet dernier, en Haïti, pays confronté depuis des années à une grave crise humanitaire, économique et politique. Soutenue par l'ONU et les Etats-Unis, elle est loin d'avoir atteint son objectif de 2.500 policiers prévus initialement, alors que les gangs très puissants contrôlent 80% de Port-au-Prince et des axes majeurs du pays.
Au total, au moins 3.661 personnes ont été tuées, depuis janvier, sur place, d'après un chiffre cité fin septembre par le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits humains.
Les violences et la situation humanitaire ont forcé plus de 700.000 personnes, pour moitié des enfants, à fuir leur domicile, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).