"Médecins en burn-out", "on s'inquiète pour vous" ou encore "des décès auraient pu être évités", étaient inscrits sur des pancartes à l'entrée du CHM ce lundi 10 juin. Une cinquantaine de médecins en blouses blanches étaient en grève, rassemblés devant l'établissement pour alerter sur le manque de soignants. "Je suis là depuis dix ans, et on voit une situation qui se dégrade fortement depuis deux ans", précise la médecin Nolwen Le Pouriel. "On a de moins en moins de médecins, on a des spécialités entières qui sont désertées : ça fait des moins qu'on a plus d'ophtalmologues et des trous dans les ORL."
"On a eu des vagues de départs de praticiens titulaires qui étaient les piliers de l'hôpital, qui organisait les projets de soin et les services", poursuit-elle. "On a dû composer avec des praticiens remplaçants sur des contrats courts ou moyens et qui ne s'engage pas sur le long terme sur le territoire. Ils ne veulent pas faire les tâches les plus ingrates et partent à la moindre crise, on le voit pendant le Covid ou pendant les grèves."
Des nuits sans médecin au SAMU
Elle évoque cette grève comme étant "une solution de dernier recours." Une initiative du syndicat des praticiens hospitaliers pour sensibiliser la population. "Il est urgent que la population sache que l'hôpital survit, mais si rien n'est fait, il n'y en aura plus", annonce Charlène Le Doux, la vice-présidente du syndicat. "On est inquiet pour l'avenir, car on a de plus en plus de mal à recruter des médecins titulaires, et même des remplaçants."
Les conséquences sont bien déjà visibles : un plan blanc en cours depuis plus d'un an et des rendez-vous qui ne sont pas toujours honorés. "En pédiatrie, on ne peut pas prendre de rendez-vous depuis plus d'un an", ajoute la médecin. "On veut juste faire notre métier, on veut juste que l'hôpital fonctionne." Son collège abonde : "on arrive à une situation qui est dramatique, le SAMU par exemple ne peut pas répondre présent toutes les nuits. Il y a des nuits où il n'y a pas de médecin pour sortir sur une urgence ou un accident."
Une série de propositions pour renforcer l'attractivité a déjà été transmise à la direction, à l'ARS et au ministère de la Santé. "Le ministère nous a écoutés, mais on n'a pas été entendu", réplique Mathias Muszlak, secrétaire du syndicat des praticiens hospitaliers. "Le ministre doit revenir avant les JO, mais il n'y a plus d'Assemblée nationale, plus de ministre. Ça fait des mois qu'on est en discussion et on en est là, dans la rue."