Les médecins du CHM sont en grève ce lundi 10 juin, à l'appel du syndicat des praticiens hospitaliers. Un rassemblement est également prévu à 10h devant l'établissement. Ils veulent alerter sur le manque de médecins titulaires au centre hospitalier de Mayotte. L'hôpital fonctionne déjà en plan blanc depuis plus d'un an, en grande partie grâce aux contractuels et aux renforts de la réserve sanitaire, à l'image du service des urgences avec 5 postes pourvus sur 44.
Déjà mobilisés fin 2023 contre l'attaque de véhicules du CHM et d'ambulances du Samu, la situation ne semble pas s'être améliorée. "Depuis plusieurs mois, on tire la sonnette d'alarme sur le manque de médecins", résume Charlène Le Doux, la vice-présidente du syndicat des praticiens hospitaliers. "Les conditions de vie à Mayotte sont ce qu'elles sont. Les médecins ne sont pas exemptés de ces départs et les conditions de travail deviennent épuisantes pour ceux qui restent."
Des mesures déjà proposées
"Il y a en a qui voudraient rester, mais avec des conditions de travail correctes : ne pas être d'astreinte en permanence, avoir une vie sociale", énumère la médecin. "Le travail est formidable ici, on peut mener plein de projets, mais il nous faut des appuis." Selon la syndicaliste, une série de mesures a déjà été proposée au ministère de la Santé, mais elles sont restées lettre morte.
"Il faut des mesures d'urgence, ça passe peut-être par un statut spécifique des médecins à Mayotte, pour avoir un accompagnement pour les médecins qui s'engagent sur la durée ici", poursuit-elle. "Ça peut être une meilleure rémunération, une revalorisation des retraites et un respect du temps du travail." Dans ce contexte, la récente suppression d'une prime versée à certains médecins n'a pas arrangé les choses selon le syndicat. "Jusqu'à présent, cette prime était versée pour compenser les horaires réalisés, mais elle a été supprimée car elle n'était pas réglementaire."
Les médecins diplômés hors de l'Union européenne
Le syndicat s'inquiète aussi d'un changement de la réglementation pour les médecins diplômés en dehors de l'Union européenne. Depuis 2020, ils peuvent exercer temporairement à Mayotte, mais ils doivent passer au préalable des épreuves de vérification des connaissances. Depuis moins d'un an, cette condition a été supprimée en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique et à Saint-Pierre et Miquelon et pourrait l'être aussi à Mayotte selon Charlène Le Doux. "Ces médecins ne pourront pas travailler à La Réunion ou en métropole. Pourquoi seraient-ils suffisamment qualifiés à Mayotte et pas ailleurs ?", s'interroge la syndicaliste. "On demande des garantis et des explications sur ce nouveau dispositif."