Journée internationale des oiseaux migrateurs : quelles espèces sont en déclin à Saint-Pierre-et-Miquelon ?

Saint-Pierre et Miquelon abrite la plus grande colonie d'oiseaux migrateurs de France.
Le 11 mai, journée mondiale des oiseaux migrateurs, sous l'égide de l'ONU, est l'occasion de sensibiliser chaque année au déclin de ces animaux. L'archipel de Saint-Pierre et Miquelon ne fait pas exception à ce phénomène.

Chaque année, le Grand Colombier offre un véritable spectacle aux amateurs d'oiseaux. C'est en effet à cette période qu'une dizaine d'espèces d'oiseaux migrateurs vient s'y nicher pour se reproduire. L'archipel, connu pour son importante diversité d'espèces, abrite la plus grande colonie d'oiseaux migrateurs de France

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Et pourtant, Saint-Pierre et Miquelon n'échappe pas à ce phénomène mondial : l'inquiétant déclin des oiseaux migrateurs depuis les années 1970, en grande partie lié aux activités humaines sur les habitats naturels fréquentés par ces espèces durant leur migration ou leur hivernage.

L'espèce qui a récemment disparu de l'archipel, peut-être pas de manière définitive, c'est le pluvier siffleur. Nous n'en n'avons plus vu depuis 2019. Et c'est un oiseau qui est menacé à l'échelle mondiale.

Bruno Letournel, Chef de service Office français de la biodiversité Saint-Pierre et Miquelon

"Nous faisons des suivis sur des limicoles (petits échassiers) de rivage depuis 2021. Avec trois ans de données, nous avons constaté que certaines espèces sont en déclin", explique Bruno Letournel. C'est notamment le cas du petit chevalier, du bécasseau maubèche, du courlis corlieu ou encore du bécassin roux.

Des causes multifactorielles

"À l'échelle mondiale, depuis une cinquantaine d'années, 70 % des vertébrés ont disparu. C'est une tendance générale liée à l'activité humaine : l'agriculture intensive avec les produits phytosanitaires, le drainage des zones humides, la pollution ou encore l'extension des villes", détaille le technicien.

Il y a des pertes d'habitats pour des espèces qui ne peuvent pas s'adapter en si peu de temps, parce que le changement climatique va trop vite.

Bruno Letournel, Chef de service OFB de SPM

Depuis une quinzaine d'années, les effets du dérèglement climatique se font également ressentir sur les oiseaux. En effet, la hausse des températures et la montée des océans qui entraîne l'érosion des rivages ont un impact sur les espèces.

Une nouvelle méthodologie à venir

De juillet à novembre, deux fois par mois, l'Office français de la biodiversité organise des sessions de recensement sur les oiseaux nicheurs afin de mieux les répertorier. Ces données sont ensuite comparées avec celles des Antilles et d'Amérique du Nord.

Dans un mois, l'Office français de la biodiversité va mettre en place une nouvelle méthodologie avec l'aide de scientifiques canadiens qui posent des nanoémetteurs sur des oiseaux. L'objectif est de mieux comprendre la trajectoire de migration des limicoles.

Nous allons installer une antenne MOTUS pour détecter dans un rayon de 40 kilomètres des oiseaux qui possèdent un nanoémetteur.

Bruno Letournel, OFB Saint-Pierre et Miquelon

Malheureusement, les études précises sur les espèces présentes sur l'archipel ne sont pas nombreuses. Le travail d'amateur, comme celui de Roger Etcheberry qui a répertorié des centaines d’espèces d’oiseaux, et celui de  Laurent Jackman, garde particulier de la Fédération des chasseurs, est ainsi très précieux.