Cette décision n'a rien de définitif. Le litige n'en est qu'à ses prémices. Le professeur agrégé de droit public depuis 1990, n'assumera pas "l'exercice de l'ensemble de ses fonctions et responsabilités avec maintien de son traitement" - comprenez, sa rémunération - jusqu'en février, a indiqué l'UNC dans un arrêté publié le 17 octobre.
La poursuite des activités de l'intéressé présente des inconvénients trop sérieux durant cette période.
Catherine Ris, présidente de l'UNC
Ce document stipule, conformément au code de l'éducation, qu'il s'agit d'une "mesure conservatoire de suspension temporaire". En clair, l'université écarte Mathias Chauchat de l'institution pour quatre mois, estimant que les faits reprochés présentent un caractère "suffisant de vraisemblance et de gravité" et parce que "la poursuite des activités de l'intéressé présente des inconvénients trop sérieux durant cette période", commente la présidente, Catherine Ris, dans un communiqué du 18 octobre.
Seule l'enquête déterminera la nature des poursuites, qu'elles soient pénales ou disciplinaires, à la suite de la qualification des faits. En outre, la présidente a d'ores et déjà sollicité des investigations auprès du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et des services judiciaires.
Une procédure rare à l'UNC
Dans le cadre de l'enquête, l'UNC devra prouver l'existence des faits reprochés. À savoir, "des propos et des agissements" qui auraient été "de nature à porter atteinte à l'image de l'université, ainsi qu'à l'honneur et à la probité académique et scientifique des enseignants-chercheurs". Des infractions que récuse Mathias Chauchat. "Je n'ai enfreint aucune règle juridique ou déontologique."
Pour rappel, une procédure a été ouverte auprès de l'administration de l'UNC fin septembre à l'encontre du professeur, un acte exceptionnel. La présidente lui reprochait des propos tenus en conseil d'administration puis sur le réseau social X, après la tentative d'incendie et l'agression d'un vigile perpétrées le 26 septembre.
Il aurait cherché à justifier ces exactions par un lien de causalité "biaisé", selon la présidente, Catherine Ris. Les départs de feu, observés près du bureau d'un professeur d'archéologie apparenté à la maire de Nouméa, Sonia Lagarde, auraient été déclenchés après le démantèlement d'un point de mobilisation dans la capitale. À cela s'ajoutaient des accusations de propagande politique pendant ses cours.
"Une sanction dérisoire" selon Les Loyalistes et le Rassemblement
Une annonce qui n'a pas manqué de faire réagir l'intergroupe Les Loyalistes et le Rassemblement, dans un communiqué le 17 octobre. Il déplore "la grande indulgence de l'Université de la Nouvelle-Calédonie envers un soutien politique de la première heure des indépendantistes radicaux" et s'interroge "quant à la capacité de cette institution à préserver un environnement neutre et impartial pour la formation de la jeunesse calédonienne".
La présidente de l'université tient pourtant à rappeler que cette suspension à titre conservatoire ne constitue pas une sanction définitive. Loin s'en faut, la "période initiale de quatre mois pourra être prolongée si nécessaire dans la limite globale d'un an".
Comme pour toute procédure, Mathias Chauchat sera libre d'exercer son droit de défense. Par ailleurs, le professeur réitère sa position, ce vendredi 18 octobre. "Si des actions sont engagées, je me défendrai."