Dans la bibliothèque de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, la majorité des étudiants présents ont suivi leur cursus scolaire sur le Caillou. Pourtant, leur connaissance de la langue kanak est restée restreinte. Le père de Léa Tourancheau est originaire de Lifou, à 19 ans, elle s’inscrit en licence de langue et culture océanienne. “J’ai choisi des langues de la Grande terre, je me suis lancée dans cette filière parce que cela m’intéresse d’apprendre la culture du pays et notamment de l'Océanie. Et également apprendre à parler le drehu pour que je puisse communiquer avec ma famille", explique l'étudiante.
Un manque d'ouvrages
Malheureusement, pour l’apprentissage des langues, les ouvrages sont peu nombreux, et anciens.
Les langues kanak, océaniennes, comme toutes les langues, c’est vivant, donc ça évolue, ça change, et il y a un besoin d’actualisation des dictionnaires, de nouveaux mots, de mots qui disparaissent, etc. C’est là-dessus que le besoin est le plus grand.
Les premiers écrits en langue datent de plus d’un siècle. Dans les archives de l’Université est conservé un nouveau testament en nengone daté de 1889. Un patrimoine inaccessible car trop fragile.
On a ce projet de restauration depuis plusieurs années mais pour l’instant, on n’a ni le temps ni financièrement les moyens. C’est un projet qu’on aimerait bien voir exister.
Pour valoriser les langues, des initiatives existent. Comme une application de traduction ou des livres pour la jeunesse, en drehu et en français, par exemple. Une librairie à Nouméa, spécialisée en littérature océanienne, propose plusieurs livres en langue mais beaucoup d’ouvrages ne sont plus édités. “On n'a plus du tout de dictionnaire en drehu, on a des demandes, plusieurs fois par semaine. Il nous manque également des supports pédagogiques, pour les enseignants", déplore Cathie Manné, libraire.
Depuis 2017, pour valoriser la culture kanak auprès des élèves, un programme d’enseignement est mis en place du primaire au lycée. Ce qu’il manque, ce sont des professeurs, mais là aussi il y a de l’évolution : un Capès langues kanak existe depuis trois ans. Maintenant, il faut plus d’outils pédagogiques aux enseignants, pour mener à bien leur mission et transmettre les langues kanak.
Reportage de David Sigal et Nathan Poaouteta :