Après une onzième participation décevante à la quatrième commission de l'ONU à New York, deux pétitionnaires du Tavini Huiraatira s’étaient déplacés au conseil des droits de l’homme à Genève le 22 octobre pour "pousser la France à ouvrir le dialogue" en matière de décolonisation de la Polynésie.
Suite à ce déplacement, le comité des droits de l'homme s'est rangé du côté du parti. Dans un rapport (encore provisoire) le comité "s'inquiète de l'absence de progrès réalisé sur la question relative à l'autodétermination du peuple de la Polynésie française." C'est une victoire pour les indépendantistes, onze ans après la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires à décoloniser et tandis que la France continue de jouer la politique de la chaise vide.
Aujourd'hui elle [la France, NDLR] va être obligée de bouger ses lignes.
Richard Tuheiava, membre du Tavini et pétitionnaire à Genève.
"Aujourd'hui elle [la France, NDLR] va être obligée de bouger ses lignes puisqu'elle est tenue par des engagements internationaux. La pression internationale et sa propre stabilité politique actuelle à Paris sont quand même un petit peu remises en question. Il y a des lois, il y a des dissensions internes. Je crois que c'est véritablement le moment de saisir le dossier d'autodétermination de Kanaly et de Maohi Nui différemment" exprime Richard Tuheiava, membre du Tavini et pétitionnaire à Genève.
Oui au référendum d'autodétermination mais pas sous n'importe quelle forme
Côté autonomiste, on ne s'inquiète pas de cette alerte du comité, et même on la salue. Tepuaraurii Teriitahi, du Tapura Huiraatira, se positionne aussi en faveur d'un référendum d'autodétermination. "À travers toutes nos interventions, on dit à chaque fois que ce n'est pas un parti politique ni un dirigeant politique qui va choisir l'avenir de notre pays mais notre population même" affirme-t-elle. Ce qui fait davantage réagir l’élue, c’est le terme "autochtone" utilisé par l’instance onusienne dans ses recommandations.
Là où je tique un petit peu, c'est lorsqu'on parle de population autochtone. Qu'est-ce que ça veut dire ? Je sais bien que le Tavini essaie de réduire le corps électoral depuis un moment mais aujourd'hui qu'est-ce qu'on entend par peuple autochtone ? Qui va décider de l'avenir de notre pays ? Quelle population ? Et c'est là qu'on se retrouve face à une problématique : il va falloir déterminer qui on va considérer comme légitime pour décider de l'avenir de notre fenua.
Tepuaraurii Teriitahi, élue du Tapura Huiraatira
Des interrogations demeurent. On pense à la fameuse question de l'identité Maohi, si chère à l'ex-député Tematai Legayic... Le combat est loin d'être fini pour le parti bleu ciel. Les indépendantistes partiront en mars prochain au séminaire régional pour les parlements de la région Asie-Pacifique, au Tymor oriental.