Le pacte nickel, un plan dénoncé par Calédonie ensemble

Calédonie ensemble dit ne pas soutenir -en l'état- le pacte nickel.
Alors que la date de signature du pacte nickel a été repoussée à une date ultérieure, Calédonie ensemble dénonce le contenu du plan proposé par l'État. Selon le parti, cette feuille de route n'est "pas à la hauteur des enjeux".

La signature du fameux pacte nickel, plan censé redresser la filière, devait avoir lieu lundi prochain à Paris. Celle-ci devait rassembler tous les partenaires que sont l'État, le président du gouvernement, les présidents des trois provinces ainsi que les industriels. Mais le rendez-vous, pour une raison inconnue à ce stade, est une nouvelle fois reporté. Un renvoi qui n'est pas pour déplaire à Calédonie ensemble. A la veille de la présentation du pacte nickel aux élus du Congrès, le parti de Philippe Gomès prend position contre le document de l'État. 

Des abandons de souveraineté en matières minière et fiscale

Dans sa dernière version, la première partie du pacte nickel expose les responsabilités des industriels et des actionnaires. Ceux-ci devraient s'engager à améliorer leur compétitivité en maîtrisant leurs coûts. À l'occasion d'une conférence de presse ce mercredi à Nouméa, Calédonie ensemble s'interroge : comment des industriels peuvent-ils s'engager alors que la plupart d'entre eux souhaitent quitter le pays ? Mais le plus grave est ailleurs, selon le parti de Philippe Gomès. En ouvrant les exportations, le gouvernement perdrait sa souveraineté en matière minière.


"La Nouvelle-Calédonie abandonne sa souveraineté en matière de souveraineté minière, le pacte prévoyant une libéralisation des exportations y compris dans les réserves métallurgiques", lance Philippe Gomès. Et de poursuivre, "un abandon de souveraineté également en matière fiscale puisque les textes qui ont été votés récemment par le Congrès sont suspendus, et puis enfin la Nouvelle-Calédonie contribue, par les Calédoniens, au financement des usines parce que les industriels (qu'il s'agisse de Eramet dans la SLN, de Trafigura ou de Glencore) n'ont pas voulu mettre le moindre sou dans leurs usines. Donc puisque les industriels ne veulent rien mettre, le pacte dit 'les Calédoniens vont mettre'. On est opposés à ça." 

"L'État ne prend pas ses responsabilités" 

Le président de la République, Emmanuel Macron, lors de son déplacement en Calédonie, avait parlé du nickel comme d'un minerai stratégique pour la France et l'Europe. Pour Calédonie ensemble, l'État qui est actionnaire d'Eramet (maison mère de la SLN) et impliqué dans le montage financier de Prony Resources, ne prend pas ses responsabilités.


"L'État ne prend pas ses responsabilités dans cette affaire", estime Philippe Gomès. Selon le leader de Calédonie ensemble, "le président de la République nous dit sur la place des Cocotiers, le nickel calédonien est un enjeu stratégique majeur pour la France et pour l'Europe. Le plan France 2030 toujours du président de la République prévoit, je cite, un accès aux matières premières comme levier numéro 1 et une réindustrialisation de la France. L'Europe prévoit que le nickel est un matériau critique et stratégique. Donc, on avait de quoi faire un véritable pacte qui incarnait une vraie vision de la France pour l'avenir (..) À la place de ça, on a un pacte qui dépouille les institutions calédoniennes de leurs compétences et qui va pressurer fiscalement les Calédoniens. Ce n'est pas du tout à la hauteur des enjeux." 


Pour financer les dépenses énergétiques des trois usines, l'État assure qu'il accordera une subvention au Caillou, à condition que celui-ci y contribue également. Par le biais, notamment, d'une augmentation de la taxe générale sur la consommation.

Un reportage de Brigitte Whaap et Cédric Michaut

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