Incident à la distillerie JM : le placement en détention des manifestants suscite la polémique

Les manifestants ont accroché cette banderole sur le portail du Palais de justice.

Le placement en détention provisoire de deux des quatre manifestants de la distillerie JM crée la polémique. Des organisations militantes réclament leur libération. Le procureur de la République s'est lui aussi exprimé sur le sujet.

Le Komité du 13 janvyé 2020 et Combat Ouvrier ont chacun publié un communiqué ce vendredi 5 janvier 2021, suite au placement en détention provisoire de deux manifestants. Les deux hommes avaient participé aux dégradations de la boutique de la distillerie JM à Macouba

Combat Ouvrier condamne l'emprisonnement des 2 militants anti-chlordécone ainsi que la mise sous contrôle judiciaire de 2 autres. [...].
Les jeunes activistes ont expliqué que leur action à JM avait pour but l’élimination du symbole esclavagiste du drapeau aux quatre serpents, celui de la marine marchande de l’époque...., marchande d’humains aussi. Nous les soutenons dans leur volonté d’en finir avec tous les symboles esclavagistes.

Communiqué Combat Ouvrier (détention manifestants)


Un soutien sans faille également de la part du Komité du 13 janvyé 2020, qui avait appelé à venir devant le palais de justice de Fort-de-France le jeudi 4 mars pour soutenir les manifestants déférés

Deux militants incarcérés : un nouveau pas franchi contre nos libertés et pour la protections des criminels.

 

Les juges français, égalant leurs prédécesseurs appliquant le code noir, ont franchi ce jour un nouveau pas en incarcérant deux militants dont le seul crime a été de refuser l’apologie de l’esclavage, crime de l’humanité.

Communiqué Komité 13 janvyé 2020

Les précisions du procureur


Un début de polémique qu'a peut-être souhaité calmer Renaud Gaudeul. Il a tenu a apporter des précisions sur l'affaire. Ainsi, le procureur de la République indique les  faits reprochés à chacun des quatres hommes, dont il indique les noms, pour les évènements à la distillerie JM (12 et 13 février 2021) et aux abords de la compagnie de gendarmerie de Trinité (14 février). 

Lubert Labonne : tentative d’extorsion de signature, dégradation en réunion, rébellion (12 février), violences avec arme en réunion suivies d'incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours (14 février)

Bruno Pelage : tentative d’extorsion de signature, dégradation en réunion (12 février), violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, rébellion (13 février), violences en réunion suivies d'incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours, refus de se soumettre au prélèvement biologique, refus de satisfaire aux besoins d'identification exigé par la loi (14 février).

Kévin Zobal : tentative d’extorsion de signature, dégradation en réunion, violences sur personne dépositaire de l’autorité publique suivies d'incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours (12 février), violences en réunion suivies d'incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours (14 février), refus de se soumettre au prélèvement biologique, refus de satisfaire aux besoins d'identification exigé par la loi (3 mars).

Hugues Baspin : tentative d’extorsion de signature, dégradation en réunion (12 février).

Pour ces faits, les quatre prévenus encourent une peine de 7 années d’emprisonnement.

Renaud Gaudeul justifie également le choix du tribunal concernant le placement en détention provisoire de deux des quatre manifestants. 

Le tribunal a expliqué en rendant son délibéré que la détention provisoire de Messieurs Pelage et Labonne était nécessaire en particulier dès lors qu’il leur était reproché d’avoir commis, juste après avoir été libérés d’une première mesure de garde à vue portant sur les faits des 12 et 13 février, de nouveaux actes violents, en agressant le dimanche 14 février un salarié de la distillerie venu témoigner à la compagnie de gendarmerie de Trinité.


Le procureur indique également qu'il a reçu en décembre 2017, plusieurs courriers de plaintes concernant l'utilisation du pavillon à quatre serpents. L'un des prévenu aurait lui aussi adressé une plainte. 

J’ai répondu à ces courriers, en précisant aux plaignants les démarches judiciaires à suivre et en leur posant plusieurs questions et demandes de précisions indispensables pour apprécier le caractère avéré des faits dénoncés. À ma connaissance, aucune réponse n’a jamais été donnée à mon courrier.

On ne peut dans ces conditions arguer d’une absence de réponse judiciaire pour expliquer une action violente et destructrice.

Dans un État de droit, ni la violence, ni les destructions ne sont légitimes et acceptables.