C'est un record qui en dit long, entre janvier et février 2024, les quantités de drogue saisies par les autorités françaises sont presque équivalentes à celles répertoriées sur l'ensemble de l'année 2023. Le 24 et 26 février, la Marine nationale a intercepté deux bateaux. Le bilan s'élève à 8,3 tonnes de cocaïne saisies en moins de dix jours dans la Caraïbe.
Un record, puisque l’an dernier, les forces armées ont intercepté un total de 11 tonnes de cette marchandise illicite. La drogue transite par notre territoire qui est une porte d'entrée vers l'Europe.
À l’instar du dispositif mis en place à l'Aéroport Félix Eboué à Cayenne, tous les passagers au départ de Martinique et désirant se rendre dans l'Hexagone, seront contrôlés. C'est une annonce faite par Gérald Darmanin aux élus de Martinique. "Les aéroports des Antilles ne seront pas des hubs de mules où on exploite des femmes, des enfants ou des personnes vulnérables." précise-t-il.
Depuis la mise en place il y a un peu plus d'un an, de ce dispositif en Guyane, les saisies de drogues transportées par des passagers (les mules) au départ de la Guadeloupe et de la Martinique ont augmenté.
Un contrôle dès l'entrée à l'aéroport
Si l'on se réfère aux protocoles Guyanais, les passagers sont accueillis avec un questionnaire sur le motif de leur voyage et le financement de leur billet. Lors de ce premier point de contrôle, les policiers tentent de reconnaître, à partir d’un certain nombre de signaux, d’abord visuels comme l’excitation, la couleur des yeux, la transpiration (liste non exhaustive), les profils potentiellement transporteurs de drogue. Tous les passagers sont soumis à l'ouverture de leurs bagages, une palpation par un agent de la sécurité, et le passage dans un portique à ondes millimétriques, sorte de grand scanner vertical. Un individu suspect peut être interrogé par les douaniers, au risque de rater son avion.
À l'aéroport Aimé Césaire qui a comptabilisé l'an dernier, 1 million 900 mille personnes, 57 % venaient de l'Hexagone. Cela représente environ 603 000 passagers par an à contrôler au départ de l'aéroport de Martinique...c'est beaucoup.
Quelles conséquences à l'aéroport de Martinique ?
Depuis cette annonce, la Société Aéroport Aimé Césaire (SAMAC), qui gère les installations aéroportuaires de Martinique, n'est pas communicative sur les conséquences que cette nouvelle organisation pourrait engendrer. En vérité, cela ne faisait pas partie des perspectives de développement annoncées en février dernier.
La SAMAC a prévu un montant des investissements pour l'année 2024 de 28 millions d'euros. Avec cette annonce, il n'est pas certain que l'aéroport Aimé Césaire pourra réaliser ses ambitions, à moins que l'État n'intervienne financièrement, mais aucune information n'a été divulguée à ce sujet pour l'instant.
En Guyane, où le contrôle à 100% est appliqué, l'aéroport est équipé d'un portique à ondes millimétriques dont le coût à l'achat s'élève à 400 000 euros. Ce coût est partagé à parts égales entre l'État et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Guyane (CCI Guyane). Les frais de fonctionnement annuels de 75 000 euros sont à la charge de l'exploitant de la plateforme, la CCI Guyane.
L'efficacité du contrôle à 100% des passagers a été prouvée en Guyane, mais cela a également généré des mécontentements. Certains passagers estiment avoir été victimes de "délit de faciès" et ont saisi la justice en référé-liberté pour dénoncer une atteinte à leur liberté.
Compte tenu du temps d'attente, dû aux contrôles, il est recommandé de se rendre à l'aéroport 4 heures avant le départ de son vol vers l'Hexagone. Cela représente un défi supplémentaire pour la SAMAC, surtout durant la haute saison touristique et les grandes vacances...