Près de 30 personnes ont désormais déposé plainte pour mise en danger délibéré d'autrui contre la SMAE et le syndicat des Eaux, deux fois plus qu'au début de la procédure fin décembre. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet. "Il y a une obligation d'approvisionnement en eau potable", explique leur avocat, Emmanuel Daoud. "Elle doit arriver en quantité suffisant et être de bonne qualité, elle ne doit pas porter préjudice à la santé humaine."
"L'idée est qu'il y ait un électrochoc, que les personnes en responsabilité les assument", poursuit l'avocat. "Si en connaissance de cause, elles n'ont pas consenti aux investissements nécessaires, si elles savent que le réseau de distribution et d'adduction en eau est insuffisant et dangereux, et qu'elles n'ont rien fait, qu'elles engagent leur responsabilité pénale."
Faire bouillir l'eau
L'avocat a de l'expérience dans ce genre d'affaire, puisqu'il représente également près d'une centaine de plaignants en Guadeloupe dans une plainte pour les mêmes griefs. "Nous considérons qu'il y a des éléments suffisants pour engager la responsabilité pénale de personnes physiques et morales", précise Emmanuel Daoud. "Il ne faut pas démontrer que des personnes ayant consommé de l'eau sont tombées malades, il suffit de mettre en évidence que le système de distribution d'eau ne permet pas de distribuer une eau de qualité, et qu'on risque de tomber malade si on n'a pas d'autre choix que d'en consommer."
Pour cela, les plaignants s'appuient sur l'instruction de faire bouillir l'eau pour des usages alimentaires pendant 12h après la remise en service de l'eau. Ils jugent aussi insuffisantes les mesures d'urgence mises en place pour pallier la crise de l'eau. "Bien sûr qu'il y a des difficultés, mais elle ne date pas de 2023, elles perdurent depuis décennies", répond leur avocat. "Si on n'a rien fait ou si l'argent public n'est pas allé à destination, c'est bien que des personnes n'ont pas respecté la loi, c'est ce que nous voulons dénoncer."