Une enquête préliminaire a été ouverte à Mayotte après le dépôt d'une plainte en décembre contre le Syndicat intercommunal d'eau et d'assainissement de Mayotte (SIEAM) et son délégataire, une filiale de Vinci, a-t-on appris mercredi auprès du parquet. Les investigations ont été confiées à la direction territoriale de la police nationale de Mayotte, a précisé le ministère public, confirmant une information du Monde.
Dans une plainte déposée au parquet de Mamoudzou fin décembre, un groupe d'habitants et une entreprise du 101e département français dénonçaient une "eau boueuse, parfois contaminée par de la matière fécale" alors que l'archipel a affronté pendant l'année 2023 une crise de l'eau provoquée par une grave sécheresse, amplifiée par des années de sous-investissement. Outre la pénurie, la potabilité de l'eau courante est régulièrement remise en cause dans cet archipel de l'océan Indien, peuplé de 310.000 habitants selon l'Insee, et soumis à une forte immigration clandestine en provenance notamment des Comores voisines.
Les plaignants indiquent notamment ne pas pouvoir se laver de manière satisfaisante ou souffrir de maladies gastriques. "Des conditions d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine", accusent-ils. L'entreprise dénonce, elle, une baisse de son chiffre d'affaires due au manque d'approvisionnement en eau.
Levée des restrictions
Contactés par l'AFP, le syndicat des eaux, établissement public, et son délégataire, la Société Mahoraise des Eaux (SMAE), filiale du géant du BTP Vinci, n'ont pas répondu immédiatement.
Mayotte a connu en 2023 sa plus grave sécheresse depuis 1997 et a été confronté à partir d'août à une pénurie d'eau sans précédent. Pour y faire face, l'État a organisé des distributions d'eau potable et intensifié les coupures d'eau courante, jusqu'à n'y donner accès qu'un jour sur trois. Les fortes précipitations de décembre et de janvier ont permis une levée progressive de ces restrictions, même si les Mahorais doivent toujours subir des coupures d'eau un jour sur deux.
Depuis le 1er mars, "l'amélioration de la situation hydrologique du territoire", avec des nappes phréatiques rechargées et des retenues collinaires (lacs artificiels) remplies selon la préfecture, a permis la levée d'une série de restrictions, notamment l'arrosage des pelouses ou le lavage des véhicules ainsi que le remplissage des piscines.