Violences, trafic de bouteilles d'eau, aides alimentaires : le préfet de Mayotte répond aux critiques

Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, ce lundi 24 février
Le préfet de Mayotte a répondu aux critiques contre l'Etat sur le plateau de Mayotte la 1ère ce lundi soir. Les sujets ne manquaient entre une nouvelle flambée de violences ce lundi, des magasins aux rayons vides et la polémique avec les maires sur les distributions d'aides alimentaires.

C'est un sujet régulier dans les conversations à Mayotte : les rayons des magasins qui manquent de certains produits et notamment de bouteilles d'eau depuis le passage du cyclone Chido. Sur cette question, certains élus mahorais ont accusé la préfecture de réquisitionner des containers au port de Longoni. "Souvent à Mayotte, dès qu'il y a un problème, c'est l'État qui est responsable", se désole François-Xavier Bieuville, le préfet du département sur le plateau de Mayotte la 1ère. 

Du stockage pour créer la rareté

"Il n'y a plus de réquisition de l'État par rapport à ces containers, il y a une chaîne logistique qui doit permettre d'écouler l'ensemble de ces marchandises et qui doit être facilitée et fluidifiée", explique le préfet. "On a un certain nombre de containers sur le port et on a du mal à les faire sortir pour un ensemble de raisons." Parmi lesquelles, les grossistes qui "stockent aussi dans le port et pas seulement dans leurs entrepôts."

Le représentant de l'État soupçonne aussi les acteurs économiques d'avoir une part dans la rareté des bouteilles d'eau. "Il y a une redistribution de l'eau par les grossistes et les importateurs dans un certain nombre de petites surfaces qui stockent cette eau", détaille François-Xavier Bieuville. "Je vais prendre des mesures pour éviter que certaines personnes fassent du trafic d'eau." Le préfet compte donc réglementer le prix des bouteilles, et effectuer des contrôles "pour savoir pourquoi l'eau est stockée pour qu'elle soit plus rare et donc plus chère.

"On peut s'interroger" sur les distributions d'aide alimentaire

Pour garantir l'accès à des denrées du mois du ramadan, des arrêtés ont été pris pour faciliter l’importation de fruits et légumes pour les professionnels et les particuliers. "Un plan ramadan" est aussi étudié avec des mesures comme des distributions d'aide alimentaire par les mosquées pour les plus nécessiteux. Jusqu'à présent, les mairies s'en chargeaient mais ont décidé de se retirer des distributions venant de l'Etat suite à un article du Monde relatant des suspicions de détournements. "330 tonnes de denrées ont été livrées en un mois, 120.000 litres d'eau ont été délivrés par jour pendant cette période d'un mois", détaille le préfet. "Plusieurs fois, j'ai eu des contacts des habitants qui me disaient 'mais où sont passées cette aide et cette eau ?' Je n'incrimine personne, je dis juste qu'on peut s'interroger sur les circuits de distribution qui ont été mis en place."

Le préfet est également revenu sur les épisodes de violences de ces derniers jours comme ce lundi à Kahani ou ce week-end à Dembéni suite à la mort d'un jeune homme. Une rencontre a d'ailleurs été organisée dans la journée entre la préfecture, le maire de la commune et des habitants. "Nous allons travailler sur le renseignement, identifier les personnes responsables de ces troubles, rechercher les auteurs de ce crime", énumère le préfet de Mayotte, qui souhaite aussi mettre en garde les parents. "J'ai prévenu clairement que s'il devait y avoir des réitérations de cette nature, je serai prêt à dégrader des titres de séjours voire de reconduire à la frontière, car les parents doivent être responsables de leurs enfants."