Dans le cadre de la campagne pour les élections européennes, Europe Ecologie Les Verts est en visite à Mayotte ce jeudi 18 avril. Marine Tondelier, la secrétaire nationale du parti, Guillaume Gontard, le président du groupe écologiste au Sénat et David Cormand, eurodéputé et candidat aux élections européennes, sont présents dans l'île. Le parti ne possède pourtant pas d'élus localement. "Dans les Outre-mer, les personnes qui s’occupent d’écologie ne le font pas forcément avec l’étiquette d’Europe Ecologie Les Verts", explique David Cormand, invité de Zakweli ce jeudi. "On voit dans les îles se concentrer toutes les questions écologiques et sociales qui vont percuter l’ensemble de la planète, c’est comme ouvrir une fenêtre sur l’avenir."
Une crise de l'eau "prévisible"
Un enjeu crucial à Mayotte, notamment sur la question de l'eau, un "enjeu prévisible", selon l'eurodéputé. "Il y a un sous-dimensionnement des équipements d’assainissement, une part trop importante des eaux usées ne sont pas traitées et sont en plus rejetées directement dans la nature. Il y a trop de pertes dans le réseau. On ne peut pas déplorer les faits dont on a chéri les causes."
Plusieurs associations environnementales ont notamment exprimé leurs réserves sur le projet d'usine de dessalement d'Ironi Bé, qui doit permettre de sortir des tours d'eau d'ici 2025. "S’il n’y a pas d’autre solution, il faut la faire. Mais après, on fait quoi ? On fait une nouvelle usine de dessalement ?" s'interroge le candidat aux européennes. "C’est un problème mondial, la solution de dessaliniser l’eau de mer ça a des impacts très importants sur l’environnement, c’est cher et très consommateur en termes énergétiques. Ça nous éloigne encore de la logique d’autonomie. Vous remplacez une dépendance par une autre."
L'opération Mayotte place nette
Comme pour la première opération Wuambushu, l'eurodéputé a fait savoir son opposition au deuxième volet, l'opération Mayotte place nette qui a débuté ce mardi. "Je n’aime pas son nom, je trouve ça brutale et inutilement humiliant pour le territoire. Ça me rappelle le karcher", déplore David Cormand. "Est-ce que ces démonstrations de force règlent le problème sur le fond ? Je ne crois pas. Si on fait une deuxième opération, c’est que la première n’a pas fonctionné."
"Quand vous êtes en difficulté, vous avez besoin d’un encadrement et d’un accompagnement qui relève de l’éducation", explique le candidat. "80% de la population est en dessous du seuil de pauvreté. Quand on est dans un milieu social difficile, il ne faut pas moins de service public et d’éducation, mais plus. Ce n’est pas normal qu’un certain nombre d’enfants ne soient pas à l’école."
"Le droit, c'est le même partout"
Les écologistes s'opposent également à la suppression du droit du sol, qui doit être présentée en conseil des ministres le 22 mai par une révision constitutionnelle. "Je suis très attaché au droit et c'est le même partout", précise-t-il. "Soit on considère que Mayotte est un sous-territoire où les gens n’ont pas les mêmes droits qu’ailleurs. Soit on considère que la République a une unité de valeurs avec des droits et des devoirs communs qu’il faut respecter partout. Et puis ce n’est pas parce qu’on supprime le droit du sol qu’il y aura moins de migrations."