Les habitants de plusieurs villages se sont retrouvés les pieds dans l'eau ce vendredi et ce samedi 19 octobre, suite aux grandes marées d'équinoxe. "A chaque fois qu'on change de saison, la terre se rapproche du soleil dans notre hémisphère, quand la lune est parfaitement alignée avec la terre, il y a une attirance des eaux marines donc la mer est plus importante", explique le géographe Said Said Hachim, co-auteur de l'Atlas des risques naturels et des vulnérabilités territoriales de Mayotte.
En parallèle, le département doit faire face à la lente montée des eaux. "Il faut distinguer ce phénomène mondial, de l'accident géologique de 2018, avec la naissance du volcan sous-marin", précise le géographe. "Il a eu un effet accélérateur, l'île s'est enfoncée de 15cm en un an, c'est énorme, c'est ce qui aurait dû se produire en 400 à 500 ans." Depuis, le volcan est sous surveillance et l'enfouissement de Mayotte a repris un rythme normal, quasiment à l'arrêt. Entre 200 à 400 séismes sont enregistrés chaque mois par les appareils de mesure, mais ceux ressentis sont rares, le dernier remontant au 27 août.
L'avenir de l'aéroport menacé par la montée des eaux
Le territoire est particulièrement vulnérable à ce risque de submersion, de nombreuses habitations ou infrastructure sur le littoral sont menacées, dont l'aéroport de Petite-Terre. Un sujet bien connu de Said Said Hachim, puisqu'il fait partie du comité d'expert sur le projet de piste longue. Selon lui, il n'y a pas que l'aéroport, la rotation des barges ou la circulation peuvent être interrompues par la montée des eaux. "Il faut repenser toute l'organisation des mobilités sur le territoire", plaide le géographe. Après 20 ans d'études sur ce projet, il doute de voir de son vivant le nouvel aéroport annoncé à Bouyouni, la piste privilégiée par le gouvernement.
Le chercheur ne parle plus de changement climatique, mais d'adaptation au changement climatique. "Il faut une réponse, soit on abandonne la zone, soit on s'adapte et on se protège, mais c'est au décideur de choisir là où on peut bâtir des digues par exemple, et là où ce serait trop coûteux", précise l'auteur. "La population a une culture du risque, ce qui manque c'est un regard partagé." Selon lui, il faudrait associer les riverains à ces études, leur connaissance du terrain permettant de compléter ou de corriger les simulations sur ordinateur.