Pour Air Austral, l’aéroport de Dzaoudzi représente près d’un quart de son trafic passager. C’est le deuxième marché de la compagnie après La Réunion. Le nouveau président du directoire d’Air Austral a donc fait le premier voyage de son mandat sur l’île aux parfums ce lundi 4 novembre.
Alors qu’à Mayotte, Air Austral traîne une réputation peu glorieuse, Hugues Marchessaux tente de défendre la compagnie dont il a pris la tête le 18 octobre dernier.
Sur les tarifs, “On fait notre best effort”
Le premier reproche des Mahorais concerne les prix pratiqués par la compagnie de Gillot. En septembre dernier, le collectif des citoyens de Mayotte 2018 s'était organisé pour protester contre la cherté des vols Air Austral :
Je peux vous dire que les mahorais ne sont absolument pas nos vaches à lait. [...] Contrairement à ce qu’on peut penser, les tarifs entre Mayotte et la Réunion n’ont pas augmenter [...] ils ont même légèrement baissé si on les compare à ceux de 2019, et il faut se rappeler que 50% de prix du billet sont des taxes et des redevances.
Hugues Marchessaux, président du directoire d'Air Austral
L’ancien cadre d’Air Caraïbe explique également qu’il a pour objectif de redresser les finances d’Air Austral. “Nos lignes moyen-courriers sont déficitaires, celle entre Mayotte et la Réunion en fait partie” justifie le dirigeant.
Hugues Marchessaux indique également qu’après des offres pour les familles endeuillées et les EVASAN, la compagnie planche sur des tarifs spéciaux pour les étudiants mahorais dans l'Hexagone.
L’impossible alignement des tarifs avec la Réunion
La grande revendication du mouvement mahorais sur les tarifs d’Air Austral, c’est d’avoir les mêmes tarifs entre Mayotte et Paris qu’entre La Réunion et Paris. Mais pour Hugues Marchessaux, c’est impossible :
Ce ne sont pas les mêmes avions, ni les mêmes aéroports. Pour rendre cette ligne rentable, nous sommes obligés de faire escale au Kenya pour nous fournir en kérozène. C’est absurde. Si on pouvait s’en passer on le ferait, mais au vu des prix du carburant à Dzaoudzi, c’est la seule solution pour rendre cette ligne viable.
Hugues Marchessaux, président du directoire d'Air Austral
“Nous ne bloquons pas l’arrivée de la concurrence”
Air Austral est en situation de quasi-monopole sur les lignes mahoraises. L’idée avancée par les élus locaux pour faire baisser les tarifs : faire venir de nouveaux opérateurs. Mais le projet patine et n'inquiète pas le président d’Air Austral : “Nous ne bloquons pas l’arrivée de la concurrence", explique-t-il. "Nos lignes sont entre deux départements du territoire français, libre à ceux qui veulent venir nous concurrencer, mais pour des raisons qu’il n'est pas à moi d’expliquer, ce n’est pas encore le cas.”
Le projet de nouvel aéroport sur grande terre, un risque de hausse des tarifs
Quant à évoquer le projet de nouvel aéroport en Grande-Terre, le patron prévient : “une nouvelle infrastructure c’est positif pour le confort des passagers et notre opérabilité, mais souvent cela entraîne une hausse des redevances et de fait, une hausse du prix des billets” et d’ajouter que ce type de projet prendra beaucoup de temps à se concrétiser.