Prise d'otage à la prison de Majicavo : "on a frolé une catastrophe qui aurait pu être évitée", pour l'intersyndicale

Ali Madi Saindou, le porte-parole de l'intersyndicale de la prison de Majicavo
Après la tentative de mutinerie et la prise en otage de gardiens à la prison de Majicavo ce samedi, l'intersyndicale de l'établissement exige des mesures contre la surpopulation carcérale, et notamment le transfert de détenus vers d'autres établissements.

La colère reste forte parmi les surveillants pénitentaires après la tentative de mutinerie et la prise en otage d'agents ce samedi 28 septembre à la prison de Majicavo. "Quand je les ai eu hier au téléphone, j'ai bien senti dans leurs voix qu'ils étaient encore sous le choc de ce qui leur été arrivé", explique Ali Madi Saindou, le porte-parole de l'intersyndicale de l'établissement. "Certains agents ont reçu des coups de barre de fer, d'autres des jets de caillous. Il y a eu sept agents touchés à différents degrés, certains ont pu s'enfermer dans des bureaux, d'autres ont été pris à partie." 

"On a frôlé une catastrophe qui aurait pu être évité", poursuit-il. "Notre direction essaye de faire le maximum pour reprendre le travail, des collègues de La Réunion sont venus nous renforcer, mais c'est temporaire." Pour trouver "une solution pérenne", le syndicaliste appelle surtout à limiter le remplissage des cellules, la surpopulation carcérale étant de 205% dans l'établissement au 1er août, et même de 245% pour la partie centre de détention pour les peines de plus de deux ans. "Quand on voit dans une cellule entre 4 et 5 détenus, même un super-héros ne ferait pas long feu."

Pas de deuxième prison à Mayotte

Les agents mahorais demandent le transfert de détenus vers d'autres établissements. "Mayotte est aujourd'hui la plus surpeuplée de France, dans l'Hexagone certaines prisons ne sont pas pleines et seraient plus adaptées pour certains détenus", explique le porte-parole. "Ça se fait, mais au compte-goutte et souvent à la demande de la personne détenue." 

Sur le territoire, difficile de trouver d'autres alternatives. Le projet d'une deuxième prison de 400 places, promis il y a deux ans, a été abandonné. "On a appris ça il y a deux-trois semaines, il n'y aura pas de deuxième prison car on n'a pas de terrain", annonce Ali Madi Saindou. "On en veut aux élus qui nous ont tourné le dos, ils nous ont donné une patate chaude et ont attendu de voir ce qui se passait. Et en attendant, nous, on brûle.