Le Rassemblement national est arrivé largement en tête à Mayotte, lors des élections européennes ce dimanche 9 juin. Le parti obtient un score de 52,75%, huit points de plus qu'en 2019. Il s'agit de son meilleur score dans les Outre-mer. Le parti est également en première position dans le reste du pays, la liste de Jordan Bardella ayant obtenu 31,5% des voix selon l'estimation de l'Ipsos.
Un faible score pour Renaissace
Les électeurs mahorais ont ensuite voté pour la liste des Républicains, qui obtient 13,04% des voix contre 17% en 2019. La France Insoumise conforte légèrement son score d'il y a cinq ans, passant de 9,17% à 10,09% des suffrages. Le parti de la majorité connaît en revanche une baisse de deux points, chutant de 8,87% en 2019 à 6,41% cette année. La liste de Reconquête arrive en quatrième position dans le département, avec 5% des voix, devant la liste du Parti socialiste qui n'a recueilli que 2,54% des suffrages. L'abstention reste la grande gagnante avec un taux record de 80,17%, dix points de plus que lors du dernier scrutin européen.
Le RN en tête dans toutes les communes
Le RN est arrivé en tête dans les 17 communes du département, atteignant même jusqu'à 65% des voix à Kani-Kéli et Bandraboua, la commune détenant aussi le record d'abstention dans le département, avec 86,19%. La plupart des communes suivent le même podium que dans le reste de Mayotte. Le parti présidentiel parvient à décrocher la deuxième place dans certaines communes comme à Chiconi et Pamandzi avec des scores de 11,48% et 9,38%. Les Insoumis se démarquent à Dzaoudzi et Koungou avec 14,6% et 13,65% des votes. Mamoudzou, le chef-lieu, est la seule commune où le score est le plus disputé avec 36,35% des voix pour le RN, suivi des LR avec 20,74% des votes.
"Un contexte de campagne difficile"
Parmi les trois candidates mahoraises, aucune n'est donc élue. Malgré le score de son parti, la candidate du RN, Afidati Mkadara, avait peu de chances d'être élue en 58e position sur la liste. La conseillère départementale, Hélène Polozec, en 31e place de la liste de la majorité n'a pas non plus été élue. "La campagne a été compliquée avec des annonces qui ont déplu localement, comme l'abandon de la piste longue", analyse la candidate. "Quelques jours avant le scrutin, l'état d'urgence a été décrété en Nouvelle-Calédonie après deux jours d'émeutes, ce qui a donné un sentiment de deux poids-deux mesures."
Elle ne se dit pas surprise pas ces résultats. "Le RN est plus haut que ce qu'on attendait, mais avec l'actualité, ils n'avaient quasiment pas à faire campagne", concède-t-elle. "Comme dans le reste des Outre-mer, la population ne se sent pas concernés par les enjeux européens, la campagne s'est déroulée comme un premier tour de la présidentielle."
Le RN et LR satisfaits des résultats
L'analyse d'un vote sanction contre le gouvernement est partagée par le Rassemblement national. Son délégué départemental, Saïd Boina Hamissi, se félicite "de la déroute du clan présidentiel" et "espère que cela incitera le chef de l'État à écouter les Mahorais." S'il ne cache pas sa satisfaction, il ne s'étonne pas de ses résultats. "On a gagné huit points en cinq ans, c'était notre objectif. Nous avons mis en avant les sujets de l'insécurité et de l'immigration, qui sont des sujets centraux pour les Mahorais, alors que nos adversaires se sont contentés de nous traiter de racistes."
Malgré un score relativement faible pour un parti historique, la candidate LR Anzimiya Houmadi, en 34e position de la liste de François-Xavier Bellamy est plutôt satisfaite. "Au niveau national, nous avons progressé par rapport à la douche froide de la présidentielle", explique-t-elle. "On est en train de reconstruire le parti, on a quand même un bon score, on a fait de notre mieux."
Ces partis auront l'occasion de s'affronter à nouveau dans les urnes. Après l'annonce des premières estimations, le président Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale. Le scrutin se déroulera le 30 juin et le 7 juillet.