Après une série de rencontres avec les acteurs du monde économique et agricole, le Premier ministre François Bayrou et ses ministres échangent avec les élus locaux dans l'hémicycle du conseil départemental. "Le défi qui est devant nous est sans précédent dans l'histoire de notre pays", a annoncé le chef du gouvernement en préambule. "Il n'y a pas eu de catastrophe de cette dans l'histoire de la France depuis la guerre de 1945."
Durant cette journée de visite, de nombreux élus et responsables d'administration ont rappelé que les infrastructures de Mayotte étaient déjà sous-dimensionnées. "La situation de Mayotte n'était pas au niveau qu'on peut souhaiter pour une partie du territoire français, c'est le résultat de l'histoire, de la géographie, Mayotte était déjà très fragile", a reconnu François Bayrou. "Cet immense chantier, il intervient au moment où l'argent public, la crise des finances publiques, est telle qu'on se trouve devant une accumulation de contrainte à laquelle nous devons faire face."
Le retour de la loi Mayotte
À nouveau, le Premier ministre a rappelé qu'aux termes de ces échanges, il annoncerait un plan baptisé Mayotte debout pour répondre à l'urgence. On en connaît pour le moment le sous-titre : "refonder Mayotte pour et avec les Mahorais." Selon François Bayrou, "c'est un plan d'urgence, mais il ouvre la voie à un plan à plus long terme." En l'occurrence le retour de la loi Mayotte attendue depuis plusieurs années. "Nous présenterons une loi-programme pour dire ce que les Mahorais veulent faire de Mayotte avec le concours et le soutien de la République française", précise le Premier ministre.
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Est-ce que nous allons réussir ? Je ne le sais pas, je veux le dire avec humilité, c'est tellement immense comme défi", concède Français Bayrou avant d'ajouter : "j'ai été frappée de voir à l'entrée du conseil départemental, une pancarte qui disait 'reconstruire sur de nouvelles bases', j'ai trouvé qu'il y avait dans cette revendication quelque chose qui ressemblait au défi que nous avons devant nous." Le Premier ministre ne précise pas en revanche que ces revendications visaient plutôt l'interdiction de la reconstruction des bidonvilles, et que les membres du collectif des citoyens de Mayotte 2018 ont fait valoir leur colère de ne pas être reçus par le gouvernement.
Ne pas éluder la question de l'immigration
"Je ne veux pas éluder la question de l'immigration, la situation est profondément déstabilisée à la fois par la présence, l'afflux continu de personnes", explique le chef du gouvernement. "Quiconque entre à Mayotte ne peut pas accepter que des bidonvilles viennent s'implanter ou se réimplanter après ce que nous avons connu. J'ai conscience que ce sont des hommes et des femmes qui fuient la misère, mais il y a aussi une misère à Mayotte." Un peu plus tôt dans la journée, François Bayrou évoquait "une demande dangereuse" pour décrire l'interdiction des bidonvilles. "Si ces constructions en tôle disparaissaient, qu'est ce qui se passe pour ceux qui étaient là ? Comment peut-on les identifier et les ramener chez eux ?", s'interrogeait le Premier ministre durant la matinée.