Accidents de la route, un bilan terriblement préoccupant

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Au 24 octobre, la Nouvelle-Calédonie pleure 51 personnes tuées sur ses routes en 2022, douze de plus que l’an dernier à la même date. Réactions à un bilan qui s’annonce déjà catastrophique cette année.

Les années passent et l’insécurité routière reste. Avec quatre morts en moins de deux jours, dans le Nord durant la nuit de samedi à dimanche puis à Bourail ce lundi matin, la Calédonie déplore 51 tués sur les routes depuis le 1er janvier. Neuf rien que ce mois-ci. C’est plus que durant toute l’année passée, à savoir cinquante. Plus que sur la totalité de 2020 (37). Et il faut remonter à l’hécatombe de 2014 - 67 décès dont 59 au 20 octobre - pour trouver davantage de tués dans des accidents de la circulation à cette période de l’année.  

Terribles conséquences

Bref, 2022 s’avère déjà particulièrement meurtrière et ces chiffres terribles font réagir les acteurs de la prévention routière. Comme Emmanuel Heafala, vice-président de l’ACH, Association calédonienne des handicapés. En décembre 1983, après un événement très arrosé, il s’est endormi au volant. "Ce n’était pas un accident, c’était une connerie !" Une jambe en moins et près de quarante ans en fauteuil roulant. Depuis, cet ancien enseignant consacre une partie de sa vie à la prévention routière. 

C’est comme un fusil, la voiture. Mais le danger ne vient pas du fusil, il ne vient pas de la voiture. Il vient de la personne qui conduit. 

Emmanuel Heafala, vice-président de l’ACH

Sensibiliser et montrer l'exemple

Pour lui, il n’y a que deux manières de faire baisser le nombre de morts sur nos routes : intégrer les dangers de l’alcool dans les programmes scolaires et montrer l’exemple. "D’habitude, les jeunes écoutent les vieux, les aînés. On leur apprend le respect. Mais si, par exemple, dans une maison, papa boit, fait que boire et f... le bordel, on ne sait plus ce qu’il faut respecter, déplore-t-il. Il y a nos élus aussi, les dirigeants. Ils ne montrent pas le bon exemple. C’est pire parce qu’on ne sait pas s’ils sont punis ou pas. C’est à nous de montrer le chemin."

Pas assez attachés

Mireille Münkel s’y attache. L’an dernier, l’association Prévention routière qu’elle préside a reçu 2 800 élèves du primaire au centre situé au Receiving, et sensibilisé près de 1 300 collégiens. Mais reste à éduquer les parents. "Nous avions des actions de sensibilisation en station-service la semaine dernière. Nous avons encore constaté énormément de personnes non attachées, et notamment d’enfants qui, non seulement ne disposent pas de siège adapté, mais ne sont pas attachés", témoigne-t-elle.

Les parents sont attachés devant, et les enfants ne le sont pas à l’arrière. Comment se fait-il que les personnes n’ont toujours pas compris ? La ceinture de sécurité, c’est partout, tout le temps.

Mireille Münkel, présidente de l'association Prévention routière Nouvelle-Calédonie

Vitesse, alcool et non-port de la ceinture

A noter que la gendarmerie a lancé ce lundi un appel à témoins pour comprendre le drame de dimanche, entre Koumac et Kaala-Gomen. Au 20 octobre, l'Observatoire de la sécurité routière au sein de la DI3T recensait 41 accidents mortels pour l'année 2022, ayant tué 47 personnes à ce stade et en ayant blessé 25 autres. Il s'agissait dans 37 cas d'automobilistes et passagers de voiture, ainsi que sept piétons et trois usagers de moto. On relevait une vitesse inadaptée dans 77 % des accidents mortels. L'alcool a joué un rôle dans 72 %. Et plus de la moitié des automobilistes ou passagers de voiture ne portaient pas la ceinture de sécurité.