Affaire David : quinze à vingt-cinq ans de réclusion criminelle pour les quatre accusés

Le difficile procès de l'affaire David devant les assises de Nouvelle-Calédonie s'est achevé. L'auteur du viol est condamné à vingt-cinq ans de réclusion criminelle. Les trois autres accusés écopent d'une peine un peu plus lourde que ce qui était requis : dix-huit, dix-sept, et quinze ans.
 
[MISE A JOUR AVEC REPORTAGES] 

Quatre jours de plaidoiries, de témoignages et de retour sur un long supplice se sont achevés vendredi soir, devant une salle comble. Au terme du délibéré, les jurés ont répondu «Oui», pour l’ensemble des accusés, à la question spéciale. Celle qui ajoute à l’accusation de séquestration les circonstances aggravantes d’acte de torture et de barbarie. Une réponse qu’attendaient les avocats de la partie civile, à l’image de Jean-Jacques Deswarte . 
 

Les faits qui ont été retenus sont des faits d'acte de torture et de barbarie. Ce qui correspond à la réalité de ce qu'[il] a vécu. C'est ça qui était le plus important. Ensuite, les peines, elles sont lourdes. Mais comment pourraient-elles ne pas être lourdes au vu de la gravité des faits qu'ils ont commis ? Sa vie est brisée. Et malgré tout, il conserve une dignité extraordinaire. Au moins, la réalité de ce qui a été vécu, de ce qui a été fait, des atrocités qui ont été commises : ça a été reconnu par les jurés de la cour d'assises.
- Maître Deswarte, avocat de la partie civile

 
 

La défense déplore la «question spéciale»

Une question spéciale qui a nourri les débats durant cette dernière journée de procès. Et qui est déplorée par les avocats de la défense, à l’image de Maxime Guerin-Fleury.
 

On ne comprend pas comment les mêmes faits peuvent être qualifiés de violences sur une infraction, et d'acte de torture et de barbarie sur des faits de séquestration. Juridiquement, je ne vois pas comment cette décision a été rendue. Je pense qu'ils ont utilisé cette question subsidiaire pour aggraver les peines, non pas de mon client qui a été maintenue à vingt-cinq ans, mais celles [des clients de] mes confrères qui ont pris soit + deux ans, soit + un an. 
- Me Guerin-Fleury, avocat de la défense

 

Les peines

Le réquisitoire de l'avocat général a en effet été suivi par les jurés, en ce qui concerne l'accusé poursuivi pour le viol de la victime durant ces longues heures d'horreur. Il a été condamné à vingt-cinq ans de réclusion criminelle. Avec une peine de sûreté équivalent aux deux-tiers de cette durée, et un suivi socio-judiciaire de sept ans. 
 
 

Appel ?

Les trois autres accusés ont écopé d'une condamnation plus lourde que ce qui était requis : dix-huit, dix-sept, et quinze ans de réclusion. Tous quatre pourraient faire appel dans les prochains jours.

Le compte-rendu d'Alix Madec : 

Fin du procès des bourreaux de David

 

«J'accepte cette sentence»

David, lui, se dit satisfait de la réponse judiciaire. 

Témoignage de la victime

 

J'attendais une réaction de la justice et j'accepte cette sentence. Je suis complètement satisfait. C'est une page qui tourne. Ça fait deux ans que j'attend ce moment. Je vais pouvoir reprendre mon métier et enfin arrêter de végéter, pouvoir passer à autre chose. 
- La victime


Le compte-rendu de Caroline Antic-Martin et Laura Schintu :
©nouvellecaledonie
 

Plaidoiries de la défense

Au début de l'après-midi, les plaidoiries de la défense avaient commencé par Me Barbara Brunard, avocate de l’un des agresseurs, pour lequel l’avocat général avait requis quatorze années de réclusion criminelle. A l’image des trois autres avocats de la défense, elle a plaidé l’impossibilité de répondre à cette question spéciale. Les quatre avocats des quatre accusés l’ont assuré : aucun élément nouveau, ne permet d’imputer cette question spéciale aux mis en cause. Des accusés dont les personnalités ont été présentées, les difficultés familiales précisément décrites et les enfances malheureuses longuement évoquées.
 

Des troubles mentaux invoqués

Une après-midi de plaidoirie qui s’est clôturée avec celle de Me Guerin-Fleury, avocat du violeur présumé de David. Son conseil a évoqué des troubles mentaux et un homme «dont l’abolition du discernement n’est pas avérée, mais dont je suis persuadé qu’il n’avait pas toute sa tête». Il a même évoqué la schizophrénie possible de son client, due à sa consommation régulière de cannabis
 

Un discours décousu

Le mot de la fin a été donné aux accusés. Tous se sont adressés à David, à qui ils ont demandé pardon. L’homme accusé du viol a quant à lui suscité la consternation de la salle par sa dernière prise de parole. Un discours décousu évoquant sa «paranoïa» et le pardon qu’il espérait obtenir de la part de la victime. Il a conclu en assurant se remettre aux mains «de la justice des hommes».