L'exaspération gagne les habitants des îles Loyauté. À tel point que certains se disent prêts à bloquer l'aérodrome de La Roche, à Maré, et de Wanaham, à Lifou, si la situation ne s'améliore pas. Car les annulations de vols, ces derniers mois, sont légion. Certains usagers ont aussi fait part de leur opposition au transfert des vols domestiques à La Tontouta. Environ 50 km séparent l'aéroport international et celui de Magenta.
Succession de crises
Alors que la compagnie fêtait ses 70 ans en décembre, chaque année qui passe semble lui faire perdre des plumes. Il y a huit ans, Samuel Hnepeune la dirigeait. L'activité semblait au beau fixe. La flotte accueillait un quatrième ATR 72-600 pour répondre "à la hausse du trafic".
C’était avant que la crise Covid n’ajoute du plomb dans l’aile d'Aircal en 2021. Et que les événements de mai 2024 et ses conséquences n'affectent l’économie du pays, tant le pouvoir d'achat des usagers que le secteur du tourisme. Ces turbulences obligent la compagnie à repenser davantage son modèle économique. Elle qui s'était déjà séparée d'un tiers de ses effectifs en juillet dernier et qui loue l'un de ses avions à Air Tahiti jusqu'en septembre.
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Désormais, Samuel Hnepeune est membre du 18e gouvernement en charge des transports. Daniel Houmbouy l'a remplacé à la tête d'Aircal après sa démission en novembre 2022.
Deux ATR sur quatre disponibles
Sur les quatre ATR de la flotte, seuls deux peuvent assurer l'exploitation, car l'un des appareils est entré en maintenance le 11 mars. Dans le hangar technique à Magenta, cet oiseau de fer, d’une capacité de 70 places, est arrivé au terme de son premier cycle, après huit ans de service.
Il y a le "check C", une opération de maintenance tous les deux ans. Et il y a la visite des huit ans, la plus vaste opération de contrôle. "C'est là que l'on démonte le plus d'éléments de l'avion", précise Daniel Houmbouy. Le tout pour permettre aux techniciens d’inspecter la structure, les équipements électriques, les trains d'atterrissage, les cabines, le cockpit.
Cette maintenance, d'une durée de six à huit semaines, intervient après 9 300 heures de vol et 18 000 décollages et atterrissages. Des rotations sur de petites distances et répétées dans la journée. Autant de manœuvres ouvrant la porte au déclenchement de pannes et d'incidents, comme c'était le cas pour un avion bloqué à Ouvéa durant la période des fêtes l'an dernier.
"Les avions d’Aircal sont très sollicités par rapport à d’autres avions qui font des vols plus longs”, souligne le directeur général. Avec le retour, en septembre, de l'ATR en location en Polynésie française, la situation devrait "revenir à la normale".
Retrouvez le reportage de Lina Waka-Ceou et Cédric Michaut :
Hausse des tarifs
Le prix des billets n'avait pas évolué depuis un arrêté du gouvernement en janvier 2021. Une période de répit pour les clients qui aura duré quatre ans. Et qui a pris fin le 5 mars après l'approbation de la nouvelle grille tarifaire par le gouvernement.
Ce volet tarifaire, c'est "une question de survie", pour Aircal qui "n'a jamais pu opérer d'augmentation de tarifs, après les deux chocs qu'a connus la compagnie, expliquait Samuel Hnepeune sur notre antenne, le vendredi 21 mars. Ce qui plombe sérieusement les comptes."
La grille s'est vu réduite à sa plus simple expression et, sans suprise, les montants ont augmenté. L'objectif étant de réduire les coûts pour la Nouvelle-Calédonie.
"Nous n'avons plus la possibilité d'exercer sur deux plateformes à la fois", soutient le membre du gouvernement, ce qui justifierait le projet de déménagement d'Aircal à La Tontouta.
"Le fonctionnement de Magenta représente un coût d'1,5 milliard par an contre une recette de 500 millions. Ce déficit d'un milliard, si on devait le répercuter sur le prix du billet d'avion, il ne serait pas supportable. Il est donc supporté par la Nouvelle-Calédonie."
Le tarif d'un aller simple en vol direct de Nouméa vers les Loyauté est passé de 13 449 francs, en 2021, à 19 500 francs. Une hausse de 6 000 francs par adulte, soit un surcoût de 12 000 francs l'aller-retour. Le trajet entre Nouméa et l'île des Pins est passé de 9 323 francs à 13 500 francs.
À ces montants minimums, il faut ajouter les taxes et redevances, des possibles surcharges comme le carburant, ou encore des frais de distribution des billets. Pour les enfants de moins de 12 ans, comptez 75 % du tarif et 10 % pour les moins de 2 ans.
"Nous avons effectué une analyse comparative des tarifs pratiqués par des compagnies aériennes de même taille que la nôtre." Résultat : "on n'est pas parmi les plus cher", selon Samuel Hnepeune.
Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry ont recueilli quelques témoignages d'usagers :
Samuel Hnepeune était l'invité du journal télévisé du vendredi 21 mars, il répondait à Valentin Deleforterie :