Annonces de Michel Barnier : "Je considère que chacun a dit ce qu'il avait à dire et qu'on va pouvoir désormais avancer" indique Nicolas Metzdorf

Nicolas Metzdorf, député de la première circonscription, invité du journal télévisé ce dimanche 6 octobre 2024. ©nouvellecaledonie
De retour en Nouvelle-Calédonie après son séjour parisien, Nicolas Metzdorf, député de la première circonscription, était l'invité du journal télévisé, dimanche 6 octobre. L'occasion de revenir sur les annonces du Premier ministre, Michel Barnier, la semaine passée concernant le Caillou à l'Assemblée nationale et au Sénat. Et d'évoquer la position des non-indépendantistes qu'il porte autour de la recherche d'un accord global.

Sur la question du projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral, objet des crispations la semaine passée, le député Nicolas Metzdorf "considère que les choses sont closes. Que chacun a dit ce qu'il avait à dire et qu'on va pouvoir désormais avancer".

Polémique autour du corps électoral

Le député est revenu longuement sur les annonces du Premier ministre, Michel Barnier. Si le terme d'"abandon" n'a pas été clairement énoncé lors de son discours de politique générale face à l'Assemblée nationale, pour le député, il s'agissait de rappeler une "obligation politique et juridique" d'élargir le corps électoral pour les prochaines élections provinciales.

"Je voulais que Michel Barnier confirme que, même s'il a abandonné le dégel du corps électoral à Versailles, qu'il n'abandonnait pas l'objectif politique de réintégrer des Calédoniens qui sont aujourd'hui exclus du corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Et c'est ce qu'il a corrigé (au Sénat)."

Un discours différent prononcé devant la chambre haute, le mercredi 2 octobre. Le Premier ministre évoquait alors, notamment, la nécessité de travailler sur l'"élargissement (du corps électoral) pour les prochaines élections provinciales". Ce changement de posture de Michel Barnier a donc poussé le député à revenir sur sa décision du mardi 1er octobre, de voter la motion de censure contre le gouvernement Barnier.

"J'interviens à l'Élysée, à Matignon, auprès de tous les ministres. (...) À partir du moment où il modifie son discours, je n'ai plus à voter la motion de censure", explique Nicolas Metzdorf. Et d'ajouter "que c'est une des premières fois de l'histoire de France et de la République qu'un discours de politique générale n'est pas le même entre l'Assemblée nationale et le Sénat".

"Le débat politique sur la Nouvelle-Calédonie s'est resitué à Paris" 

"Au delà du dégel du corps électoral", sur sa première déclaration, Michel Barnier n'a pas parlé des "Calédoniens victimes des émeutes", regrette le député. Selon l'élu, le Premier ministre aurait "donné un gage à ceux qui avaient cassé et ceux qui avaient brûlé". 

"Le débat politique sur la Nouvelle-Calédonie s'est resitué à Paris. On a aujourd'hui des arrivants, avec Michel Barnier, son gouvernement, qui découvrent le dossier calédonien. Il est important de leur rappeler les subtilités et l'importance des convictions de chacun."

Toujours dans le camp présidentiel

Fidèle au président Emmanuel Macron, le député affirme qu'il n'a jamais envisagé de rejoindre le Rassemblement national à l'Assemblée. "J'ai dit que je pourrais siéger dans un groupe de droite, clarifie Nicolas Metzdorf. Aujourd'hui, (Ensemble pour la République), c'est cent personnes et c'est le plus gros groupe de la majorité actuelle dont dispose Michel Barnier. Ayant un vrai poids, moi, dans ce groupe, cela l'oblige à écouter ce qu'on a à dire."

Et bien que d'inclinaison politique de droite, le député calédonien n'en reste pas moins sur ses gardes. "Je ne ferai pas partie de ceux qui seront aveugles ou sourds face à la droite au pouvoir. Parce qu'on a tendance, les non-indépendantistes, à croire que parce que c'est la droite, ça va bien aller. Mais en 2007, c'est la droite qui a gelé le corps électoral. Et à l'époque, je n'avais pas beaucoup entendu les parlementaires. Moi, je ne serai pas quelqu'un d'inactif."

Pas de discussions sans les "indépendantistes modérés"

Une délégation transpartisane et interinstitutionnelle s'est rendue à Paris du 23 septembre au 4 octobre. Son objectif : promouvoir auprès des parlementaires et du ministre des Outre-mer, François Noël-Buffet, le plan quinquennal 2024-2029 adopté par le Congrès. Elle était composée des deux sénateurs, Robert Xowie et Georges Naturel, du député Emmanuel Tjibaou, des présidents du Sénat coutumier et du Cese, ainsi que des principaux chefs de groupes calédoniens au Congrès, hormis les Loyalistes et l'UNI (Palika et Union progressiste en Mélanésie UPM). 

"(...) À Paris, il n'y a pas les indépendantistes modérés. Il y a ceux qui ont créé et financé la CCAT et il y a deux parlementaires, Monsieur Tjibaou et Monsieur Xowie, qui sont allés à l'assemblée générale de la CCAT et qui ont élu Christian Tein à la tête du FLNKS, avec l'absence des partis modérés", soulève Nicolas Metzdorf qui fait état du dernier congrès du FLNKS qui s'est tenu sans le Palika et l'UPM, fin août.

Le député attend donc "que le président Mapou finalise avec les membres du gouvernement, son plan PS2R (Plan de sauvegarde, de reconstruction et de refondation)" avant de travailler "ensemble"

Reprendre une dynamique "d'accord global"

Avec la venue, prochainement, de la mission de concertation et de dialogue, la rencontre annoncée par le Premier ministre, entre le président de la République Emmanuel Macron et les élus locaux en novembre et la mission interministérielle des Outre-mer prévue début 2025, "les choses vont s'enclencher pour une nouvelle dynamique", estime l'élu calédonien, qui rappelle qu'il a "toujours été pour un accord global."

Une dynamique qui avait déjà été entamée en début d'année. "On était presque arrivés à un accord global avant le Congrès de Versailles. Donc, peut-être, si les indépendantistes sont d'accord, qu'on pourra repartir sur ces bases-là. Nous (les non-indépendantistes), cela nous va."

Des soutiens à l'international ?

Enfin, Nicolas Metzdorf s'est exprimé sur les perspectives de soutien, en dehors de l'État français. "Ce qui compte, chez les non-indépendantistes, c'est que l'on soit défendu par les démocraties dans le monde, c'est-à-dire Israël, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Europe, les États-Unis, l'Angleterre, énumère le député, tous les pays qui respectent le fait qu'il y a un suffrage universel, qu'on doit être traité de manière égale quelle que soit notre couleur de peau."