Au-delà du transfert d’Air Calédonie à La Tontouta, d’autres décisions “drastiques” pourraient affecter le transport intérieur

Aérodrome de Magenta, le 22 mai 2024
Le transfert d’Air Calédonie à La Tontouta aura lieu “le plus rapidement possible”, indique Samuel Hnepeune, en charge du transport intérieur au gouvernement. Il évoque d’autres réflexions en cours pour sauver la compagnie intérieure.

Aller d’ici à La Tontouta, ce sera encore un investissement, ça va être compliqué”, réagit une Nouméenne à l’évocation du transfert d’Air Calédonie de Magenta à La Tontouta. En navette collective, le trajet dure 50 mn et coûte 2 500 francs. De quoi soulever des réticences. Mais voilà, “il est question de la survie d’Air Calédonie”, pose Samuel Hnepeune, en charge du transport intérieur au gouvernement.  

Le Covid et les violences de 2024 ont conduit Air Calédonie “à repenser totalement son modèle économique”, replace-t-il. La compagnie intérieure s’est séparée de plus de 150 salariés, loue des appareils. L’actionnaire avait également remis de l’argent, rappelle Samuel Hnepeune. Mais tout cela ne suffit pas. Le trafic aérien n’a pas retrouvé sa dynamique. Et les collectivités publiques n’ont plus les moyens de subventionner à la même hauteur, en contrepartie de créations d’emplois favorables à l’économie en général, ajoute celui qui a dirigé Aircal pendant plus de dix ans.  

Une Arlésienne 

C’est dans ce contexte que le déménagement à La Tontouta, “une Arlésienne dont on parle tous les dix ans” est ressorti. "La dernière fois, on avait décidé d'attendre une deux fois deux voies." Là, juillet a été évoqué par Daniel Hombouy, directeur général de la compagnie, aux Nouvelles calédoniennes. “Le plus rapidement possible”, indique de son côté Samuel Hnepeune. 

Ça fait longtemps qu’on est face à un mur sauf qu’on n’a pas pris de décisions. Aujourd’hui, on n’a plus le choix, la survie des opérateurs est en jeu.

Samuel Hnepeune, en charge du transport intérieur au gouvernement

Toutes les solutions doivent être envisagées. Il faut que la population s’attende à ce que des décisions drastiques soient prises”, confirme-t-il. Un déménagement, “ça veut dire transfert et regroupement des compagnies aériennes”, intérieure et internationale. “Ça permet de rationaliser les coûts, de mutualiser des services”, assure Samuel Hnepeune, évoquant “la tour de contrôle, les services au sol, les pompiers”.

Des hausses tarifaires ? 

Pour lui, “raisonner en flotte globale avec Air Calin permettra aussi d’être plus flexible”, de pallier aux problèmes d’effectif parfois rencontrés ou de proposer des vols Paris-Île des Pins par exemple. “On pourra offrir de meilleurs services à de meilleurs prix, certainement, mais il faut d’abord travailler sur la structure des charges de chacune des compagnies. 

Rien qu’en entretien annuel, l’aérodrome de Magenta coûte 1 milliard de francs. Aérodrome qu’il est régulièrement question de moderniser “parce qu’en période cyclonique, Air Calédonie doit expédier ses avions pour les mettre en sécurité, ça coûte cher”. 

L'avion ou le bateau ? 

L’épée de Damoclès du déménagement s’apprête donc à tomber. Mais d’autres réflexions sont en cours. Parmi elles, une hausse tarifaire, qui était inscrite dans le plan de redressement post Covid. Contrée par les usagers, elle n’avait jamais été mise en place. Sauf que “le coût du pétrole a augmenté, le coût du fret après Covid a augmenté de plus de 35%. Vous connaissez des entreprises qui n’augmentent pas leurs prix quand leurs charges augmentent ?

On a peut-être vécu comme des enfants gâtés pendant des années avec des supers moyens de transport mais aujourd’hui, on n’a plus les moyens de financer tout ça.

Samuel Hnepeune

On n’a pas besoin d’envisager de grosses hausses de tarifs mais demain, on n’y coupera pas”, prévient Samuel Hnepeune. Là encore, “c’est une question de survie. Sinon, peut-être qu’à un moment donné, on sera obligé de dire ou c’est avion, ou c’est bateau mais pas les deux”. Autrement dit, le Betico pourrait desservir certaines îles, l’avion d’autres. “On va devoir se poser ce genre de question. (...) On n’a pas beaucoup d’alternatives”, assure-t-il.  

Moins de vols ? 

Le transport intérieur doit être remis à plat, estime-t-il. Sans aller jusqu’à la remise en cause des dessertes aériennes et maritimes, dans un premier temps, les voyageurs doivent s’attendre à un nouveau “redimensionnement” du service, à la baisse. “Combien de vols ? Quel programme de vol ? Ce qu’on proposera, c’est ce qu’on pourra assurer.