Baisse du PIB, investissement en recul, consommation en hausse… 5 points à retenir sur l'économie calédonienne en 2021

Anse-Vata, Nouvelle-Calédonie
Le PIB de la Nouvelle-Calédonie est en recul de 2,1 % en 2021, selon l’enquête "comptes économiques rapides" réalisée par l’Isee, l’IEOM et l’AFD. Une mauvaise nouvelle alors que l’année 2020 avait déjà enregistré une baisse de 2,6 % du produit intérieur brut.

Alors que la France métropolitaine et les autres collectivités d'Outre-mer enregistrent un rebond significatif de leur PIB, la Nouvelle-Calédonie suit sa propre trajectoire, notamment après la crise sanitaire.

1 Une épidémie de Covid à retardement

C'est déjà la quatrième année consécutive que la Nouvelle-Calédonie enregistre une baisse significative de son PIB : - 2,1 % en 2021. Tandis que les autres territoires d’Outre-Mer et la France métropolitaine présentent, eux, un rebond significatif de leur PIB pour la même année. En cause : une épidémie de Covid qui a frappé plus d’un an après le reste du monde alors le pays connaissait déjà, avant la crise sanitaire, un repli d’activité. Résultat, entre confinements, couvre-feu et restriction des déplacements, les indicateurs ont plongé : - 19,5% pour les exportations, -2% pour les importations et -1,5% pour les investissements.

La réception d’un nouvel Airbus par Aircalin  de limiter la diminution de l’investissement à 1,5 % mais ne contrebalance pas la diminution des commandes vis-à-vis du reste du monde, selon l'enquête "comptes économiques rapides" réalisée par l’Institut de la statistique et des études économiques Nouvelle-Calédonie (Isee), l’Institut d'émission d'Outre-mer (IEOM) et l’agence française de développement (AFD). Document qui relate une première estimation de la croissance.

2 L’investissement en recul

L’investissement ne montre toujours pas de signe de reprise. Même si les crédits à l’habitat résistent (+3,3 % en 2021), le marché de « l’habitat neuf » recule de 8,5 % en volume. Les investissements concernent de moins en moins les constructions neuves, qui sont habituellement une manne pour la sphère économique réelle.

Du côté des entreprises, celles-ci se sont endettées pour maintenir leur trésorerie et, sans surprise, investissent moins qu’en 2020. Par ailleurs, "la commande publique n’est pas en mesure de prendre le relais", explique l'enquête. De nombreux projets d’investissement ont été gelés dans l’attente d’une meilleure visibilité sur les plans politiques, institutionnels et budgétaires. De fait, l’encours de crédits d’investissement progresse de seulement 1,2 % en 2021 contre + 3,7 % en 2020.

3 Côté salariat, une progression lente

En moyenne, 65 350 salariés sont déclarés en moyenne par les employeurs privés pour 2021. Un effectif en progression de 0,7 % par rapport à 2020 mais qui ne permet pas de retrouver le niveau d’avant la crise sanitaire. Dans le détail, les effectifs supplémentaires proviennent principalement du secteur de l’industrie (+1,9 %) et du commerce (+2,2 %).

Pour les services, les effectifs se maintiennent (+0,2 %) mais leur évolution reste influencée par la crise sanitaire : la légère progression dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration (+1 %) ne compense pas les pertes d’emploi observées en 2020 (-8 %). A contrario, le secteur du transport et de l’entreposage continue de perdre des salariés (-2,7 % en moyenne), en particulier dans le domaine du transport aérien de passagers.

4 Une année difficile pour le nickel

Sans surprise, l’activité minière et métallurgique a connu une année difficile, marquée par "des tensions autour du repreneur de l’usine du Sud, des problèmes techniques et des conflits à l’usine du Nord, une forte pluviométrie et des confinements", selon le rapport. L’extraction minière recule de 4,7 % sur un an, la production de ferronickel de 13,2 % et celle de Nickel Hydroxide Cake (NHC) de 11,2 %. "Par ailleurs, le carbonate de cobalt (CoCO3) et l'oxyde de nickel (NiO) ne sont plus produits, en lien avec un changement de stratégie industrielle de l’usine du Sud qui se concentre sur le NHC. Pourtant, le secteur gagne près de 3 points de représentativité dans la valeur ajoutée, pour atteindre 9 %" explique l’enquête.

5 Mais la consommation des ménages reste stable

La consommation des ménages, en hausse de 1,4%, a profité aux entreprises locales, pour cause de fermeture des frontières. En témoignent plusieurs indicateurs comme la progression de l’emploi, notamment dans le commerce et la hausse des paiements par carte bancaire et retraits. "Les mesures prises par les pouvoirs publics (reports de cotisations sociales, plan d’urgence pour les petites entreprises et les patentés, prêts garantis par l’État, chômage partiel, fonds de solidarité et allocation de soutien Covid-19) ont permis de limiter les pertes de revenu."

On observe une hausse des dépenses alimentaires et vestimentaires, mais une diminution des dépenses de carburants. Les Calédoniens ont plus consommé localement en 2021, ils ont aussi plus épargné : près de 4 milliards de francs en moyenne trimestrielle en 2020 contre 1 milliard sur la période 2017-2019. 

L'analyse de Charlotte Mannevy à écouter 

Comptes économiques rapides pour l’Outre-mer