Blocages, prison, comité des signataires : Patrice Faure, haut-commissaire de la Nouvelle-Calédonie, invité de la matinale

Patrice Faure, haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie
Alors que Jean-François Carenco, le ministre délégué chargé des Outre-mer, est attendu sur le Caillou courant septembre, le représentant de l’Etat fait le point sur la préparation des discussions avec les partenaires politiques. L’occasion aussi d’évoquer d’autres dossiers, comme les récents blocages et la surpopulation carcérale.

Les autorités, et plus précisément l’Etat, ont été vivement interpellés ce lundi, par les Calédoniens, pour intervenir sur le barrage filtrant déployé sur la voie express, par des habitants du squat de Caillou bleu. Mêmes critiques, la semaine passée, lorsque les stations-services ont été privées de ravitaillement en raison d’un mouvement du syndicat des rouleurs et du BTP, devant les dépôts de carburant à Nouméa.

Patrice Faure précise que l’Etat est intervenu la nuit même pour "dialoguer avec les rouleurs", ce qui a permis d’approvisionner le Betico et les avions. A "une posture trop vive", qui favoriserait selon lui des blocages dans la durée, le haut-commissaire préfère privilégier "la négociation". Quant au blocage de la VDO, ce lundi, il assure que la police et la gendarmerie sont intervenues rapidement, mais qu’à l’image des perturbations causées par les accidents, même en dégageant rapidement la voie, il faut souvent compter "une heure à une heure et demie de bouchons".  

Le projet d'une nouvelle prison en attente de foncier 

Patrice Faure est revenu également sur la prise de position du député de la majorité Nicolas Metzdorf, qui a qualifié le Camp-Est de "prison de la honte" et dénoncé sa surpopulation (plus de 600 détenus pour près de 400 places). Le haut-commissaire a confirmé que le projet de construction d’un nouveau centre pénitentiaire dans l’agglomération de Nouméa était toujours d’actualité, mais qu’il peinait à sortir de terre, non pour des raisons financières, mais pour des questions foncières.

"Chaque année, l'Etat investit 350 millions de francs dans la rénovation du Camp-Est. Nous cherchons dans Nouméa et le Grand Nouméa un nouveau terrain pour construire une nouvelle prison. Avec le changement climatique, la montée des eaux, un jour ou l’autre, le Camp-Est aura les pieds dans l’eau. Avec l’ensemble des élus, nous nous sommes fixés comme objectif de trouver, avant la fin de l’année, un terrain adapté, suffisamment grand et à proximité immédiate des forces de l’ordre." 

Changer le comportement sur les routes, "un processus très long"

La délinquance routière est aussi une priorité de l’Etat. Avec 39 morts sur les routes depuis janvier, le bilan risque d'être particulièrement lourd cette année. Force est de constater, pour le haut-commissaire, que "rien ne fonctionne" en matière de sécurité routière. En cause : la consommation d’alcool et de stupéfiants, le non-port de la ceinture ou encore l’absence de permis de conduire. "70 % d’une classe d’âge rate le code, et donc ne passe pas le permis". Pour Patrice Faure, il faut mener un travail de fond pour changer les "comportements", notamment auprès de la jeunesse. "Un processus qui va être malheureusement très long", reconnait le haut-commissaire.

Un ministre des Outre-Mer "qui connait très bien le territoire"

Sur le volet institutionnel, le haut-commissaire s’apprête à accueillir la visite du ministre délégué Jean-François Carenco, chargé des Outre-mer. Une visite très politique, attendue courant septembre, qui aura principalement pour mission de préparer le prochain comité des signataires, prévu dans la foulée. Pour Patrice Faure, Jean-François Carenco, chargé des Outre-mer, dispose d’un atout non-négligeable pour rétablir le dialogue entre les différents partenaires politiques. "Il connaît très bien le territoire pour y avoir servi comme secrétaire général il y a quelques années. Il connaît à peu près tous les élus." Au vu des échanges réguliers que le haut-commissaire entretient avec les différents représentants politiques, il se dit "confiant" quant à "la volonté des uns et des autres d’avancer". Le calendrier pour la tenue d'un référendum de projet en juin 2023 est pour le moment maintenu, malgré le retard pris par les discussions.

Un entretien à retrouver ici.